Une personne anonyme nous a fait parvenir un poème écrit en réaction à l’attentat qui a eu lieu à Orlando dans la nuit du samedi 12 juin. Nous avons toutes et tous été extrêmement secoué-e-s par cet acte homophobe, transphobe et raciste d’une grande violence, qui a fait 49 victimes et 53 blessé-e-s. Il est parfois difficile de trouver les bons mots et, souvent, il faut du temps pour formuler une pensée, s’acclimater à la réalité. Alors, on patiente, on écoute, et on laisse la parole aux concerné-e-s. Marie-Ange, notre dessinatrice, a également décidé de s’exprimer. Aujourd’hui, l’écriture et le dessin sont une manière de panser nos plaies.
Orlando
J’attraperai ta main tout au creux de la mienne
Pour mieux nous éloigner de leurs mépris, leurs haines ;
J’inventerai un monde sans tueries ni souffrances,
Injustes barbaries, chacune dénuée de sens.
Ils nous veulent disparu-e-s ces gens de bon aloi.
Leur faudra-t-il étouffer jusqu’au son de nos voix ?
Mais l’amour au ventre, notre détermination
Est plus forte que leurs haines et leurs aliénations.
Leurs farces condescendantes finirons dans les flammes
Que j’aurai attisé par l’amour de nos âmes.
Aux sons des crépitements des éclats de nos rires
Nous danserons nos joies pour ne pas en finir.
Nos rages seront des lames nous permettant d’occire
L’abject stéréotype que nous tentons de fuir ;
Regarde… ses viscères ensanglantant nos pavés,
Éclaboussant nos liesses, comme le carmin nous sied.
Nous creuserons nos envies dans l’équilibre précaire
De nos biens, de nos vies que nous savons guerrières.
L’amertume qui nous sert le cœur et la ceinture
Prendra fin je l’espère, je le crie, je le jure.
Je le jure sur ma vie, je le jure sur ma tête :
Nous y viendrons ensemble à ce jour de fête,
Ensemble nous danserons sur les corps estropiés
De la haine, du mépris, des idées dépassées.
Anonyme