Mémorandom #9 : Lovée dans le coin du canapé

Mina rêve son week-end sans bouger des coussins douillets de son canapé. Ou presque. Une escapade psychique dans les recoins de sa psyché, mais aussi dans les rues de Gillingham, en Angleterre, où notre rédactrice a posé ses valises.

Il est presque 5 heures du matin, le week-end a déjà commencé. Lovée dans un coin du canapé, calée dans l’angle formé par le dossier et l’accoudoir, j’observe celles et ceux qui m’entourent. Tou-te-s semblent saisi-e-s par la même transe, celle qui s’installe quand la fatigue n’est qu’un lointain souvenir et que l’on souhaite vivre hors du temps pour toujours.

Il est l’heure du requiem. Un jeune homme aux cheveux bouclés se lève, se penche sur l’ordinateur et entre les mots-clés qui, à cet instant, résonnent comme un appel à la communion. Les premières notes d’« Eminence Front » des Who, glorieuses, vibrantes, font sourire l’assistance. Tou-te-s, installé-e-s confortablement, savourent chaque seconde de ce rituel.

Quelques hymnes rocks et une longue conversation rêveuse plus tard, je suis dans la rue. L’un de mes ami-e-s marche à mes côtés, soutien précieux lorsqu’il s’agit d’affronter les regards désapprobateurs de la ville qui s’agite. Je me rappelle, il y a sept ans, les instants clichés que nous passions à attendre l’aube, en écoutant de la musique qui plane.

J’imagine que cette vision d’un garçon et d’une fille, foulant lentement les pavés grisâtres d’une triste ville anglaise, un faible sourire aux lèvres et l’air ailleurs, aurait pu illustrer l’album XX des XX, bande-son de ma dernière année au lycée.

Désormais assise dans mon lit, je me sens presque prisonnière de ma petite chambre. Impossible de dormir. J’ai retrouvé sur YouTube les quelques épisodes, intenses et fascinants, de The Real Football Factories. Je me laisse submerger par la violence et la ferveur de l’hooliganisme anglais ; les accents, parfois si difficiles à percer, me bercent.

Le cours dégénéré de mes pensées est interrompu par un bruit sec, j’ouvre les yeux et marche jusqu’à la porte d’entrée. Le week-end ne fait que commencer.