Mémorandom #13 : Et sur l’horizon brumeuse, son visage s’illumine

Dans ce nouveau Mémorandom, Louise se remémore des souvenirs de l’Inde mêlés à la perte d’un être cher, qu’elle a aujourd’hui décidé d’honorer à travers quelques mots.

J’étais en Inde, quand elle est partie. Dans un hôtel à Agra, sous les étoiles… Il faisait doux ce soir-là. Je m’en souviens comme si c’était hier. Troublées, mes pensées ne songeaient pourtant qu’à s’évader dans les vapeurs d’un thé masala. J’aurais voulu m’enfuir dans un autre ailleurs, comme les rêves qui s’emboîtent dans Inception. Mais je demeurais là, au temps présent, avec mes regrets. Elle s’est envolée un 14 février, mais personne alors ne chantait la Saint-Valentin. Devant moi, des danseuses en saris chamarrés de rouge et d’or jouaient avec le feu sur une musique volcanique d’Anoushka Shankar. Un spectacle hypnotisant, qui ne m’enlevait pas à ma torpeur. Je n’étais pas présente, nostalgique d’un pays auquel on s’attache par son absence. Du Bellay en sait quelque chose… Il l’a vécu à Rome.

L’Inde s’est alors métamorphosée sous mes yeux en un univers chimérique. Je ne savais plus où j’étais, je divaguais sur l’horizon brumeux, où son visage s’illumine encore. Une tristesse incommensurable s’empara de moi, tandis qu’un jeune garçon, avec l’œil vif et la fougue de ses 8 ans, m’emmenait dans un palais en marbre blanc. Le Taj Mahal me brandissait son immense beauté. Cette tombe construite pour une reine avait jailli derrière le brouillard. Des femmes assises en tailleur discutaient sur le parvis luisant sous les rayons du soleil. Ce lieu, si magnifiquement capturé en images par le photographe Steve McCurry pendant ses voyages, était vivant, enluminé de joie et de rires. Je n’étais plus chez moi, j’avais perdu un être cher, mais je la retrouvais finalement là, dans mon errance, dans cet ailleurs oriental qui s’offrait tout entier à mon cœur. Et je l’accueillais les bras ouverts.

Namasté.