Raconter l’Irlande sans la caricaturer est un exercice difficile. Je m’y suis essayée il y a plusieurs années avec des mots immatures, sans arriver à complètement exprimer ce que je ressens quand je pose le pied sur ses terres. Pourquoi ne pas laisser la musique opérer, et décrire ce sentiment d’appartenance improbable qui m’anime à chaque fois que j’y reviens…

 

En gaélique, on m’appelle Inis Bó Finne. L’île de la vache blanche. La légende raconte qu’un jour, une vieille femme surgit de la plage et transforma sa vache en pierre, pour annoncer un désastre. Croyez-moi, ça n’existe pas. Ma magie n’est pas noire, elle se trouve dans mes couleurs.

Du port de Cleggan, à huit kilomètres des côtes, arrive un bateau toutes les heures. Je vois s’amarrer ces marins d’un jour, émus d’avoir croisé pendant la traversée une otarie, parfois un dauphin. Ils débarquent dans le petit port de pêche et courent louer des vélos. Tous partent vers l’est, vers le village. Qui selon moi n’a d’intérêt que la nuit tombée, quand les pubs se réveillent ; et où la Guinness déverse sa teinte brune et or sur les complaintes d’un fiddle ou d’un bodhrán. Pour éviter le peloton, une famille choisit de s’engouffrer à l’ouest. Osez pousser les barrières des bergers, en fer forgé, lourdes et rouillées…

Sous les pieds de mes visiteurs, la terre craque, tourbeuse et poussiéreuse. Un chemin tracé par les pattes des moutons, qui les regardent passer d’un air las. Ils règnent en maîtres sur mes terres. À Inishbofin vivent 200 habitants. Sur le chemin, une maison se dessine. Les volets sont violets, la façade jaune ; un géranium rouge trône sur le rebord de la fenêtre. Au bout d’une heure de marche, une plage en contrebas. La fameuse plage de la légende. Par temps brumeux, l’endroit est mystique, voire inquiétant. Par beau temps, c’est un paradis. Le sable blanc n’a pas à rougir d’une plage caribéenne. Si l’océan Atlantique est ici translucide, les doigts de pieds téméraires s’y glacent et bleuissent.

Plus loin, mon âme se révèle, entière, évidente. Sur la falaise, la végétation pousse, frémit dans les bourrasques, danse au rythme du fracas des vagues qui s’écrasent contre les roches creusées. L’herbe est verte, comme coloriée au feutre. Pure, sans brûlures de soleil. Sur deux kilomètres, mon visage est vide de civilisation. Rien que l’océan à perte de vue. Le bout du monde, décriront ceux qui m’ont connue.

Jeanne Eire

Dublin

This never was my town
I was not born or bred
Nor schooled here and she will not
Have me alive or dead
But yet she holds my mind

Poème écrit par Louis MacNeice (1907-1963)

 

Tracklist :

  1. The Pogues − The Rocky Road to Dublin
  2. The Killigans − Liquor Store
  3. Sarah Neufeld − Hero Brother
  4. The Clancy Brothers and Tommy Makem − Brennan on the Moor
  5. The Cranberries − So Cold in Ireland
  6. Johnny Flynn − Tickle Me Pink
  7. The Kilkennys − Chandelier Shop
  8. Saint Sister − Blood Moon
  9. The Rumjacks − I’ll Tell Me Ma!
  10. The Cranberries − Daffodil Lament
  11. Villagers − Courage
  12. Jolly Beggarman − The Wild Rover
  13. Shannon Wardrop − Meet Me By the Waterfront
  14. Dropkick Murphys − Fields of Athenry
  15. The Pogues − Dirty Old Town

 


Image de une : Cygnes. © Anna et Elena Balbusso