Mina a fait un petit saut dans le temps. Plutôt en arrière qu’en avant. Alors que les vacances de Noël se finissent, elle se remémore les sensations de températures très froides et qui, pourtant, nous réchauffent le cœur.
Il est 16h et il fait déjà nuit. J’éteins l’écran de l’ordinateur et je m’étire. La salle de travail est vide, tout le monde profite encore des vacances de Noël. Je me lève et commence à enfiler les multiples couches d’acrylique et de laine épluchées au cours de la journée. Entre mon écharpe géante, mon épaisse parka et mon bonnet, j’ai l’impression d’enfiler une véritable combinaison. La porte automatique du bâtiment glisse avec un chuintement. C’est le sas pressurisé qui précède la plongée dans le vide noir parsemé d’étoiles.
L’inévitable frisson, et même quelques gouttes. Je rabats ma capuche et soupire. David Bowie m’accompagne. Je suis le starman quelque peu déprimé. Frigorifiée, fatiguée, je tourne frénétiquement la clef dans la serrure et parviens enfin à me réfugier. Je m’épluche de nouveau et me blottis sous les couvertures. J’ai rendez-vous avec l’hiver des contes mélancoliques. Karen Blixen et le clair-obscur de son imaginaire m’entraînent loin du crachin britannique.
Plongée dans ma lecture, j’entends à peine le coloc qui m’interpelle : « Mina! It’s snowing! » La poignée de cristaux à moitié fondus que je reçois soudain en plein visage me fait l’effet d’un retour en enfance. J’enfile mes pantoufles de travers et je m’élance vers la porte du jardin. Alors que les premiers flocons me tombent sur le visage, je lève la tête et contemple leur descente. Ils sont comme des étoiles dans le vide noir. White Winter Hymnal résonne autour de moi, comme une évidente bande originale.
Les cheveux parsemés de taches blanches, grelottante et les pantoufles imbibées, je me remets de mes émotions emmitouflée dans les plaids du canapé. J’entends dans la cuisine les claquements secs et joyeux des grains de maïs qui éclatent. L’écran de la télévision s’allume et mes compagnon-ne-s s’assoient. J’enfourne la première poignée de popcorn dans ma bouche, avant même que le film n’ait commencé. Les Torrance partagent ma première neige, ce soir, je rêve de labyrinthe enneigé.
Œuvres et lieux cité-e-s :
- « Starman », David Bowie, 1972
- Contes d’hiver, Karen Blixen, 1942
- « White Winter Hymnal », Fleet Foxes, 2008
- The Shining, Stanley Kubrick, 1980
- Angleterre