Lus et revue #57 : qu’est-ce qu’on lit cette semaine ?

Les coups de cœur de Think tank by 2P

•  Is it OK to Do Yoga? : faire du yoga est-il de l’appropriation ou de l’appréciation culturelle ? Cette vidéo revient sur l’histoire du yoga aux États-Unis, peu à peu transformé en pur produit de consommation. [AJ+][ENG]

• Human Rights Are Not Enough : le piège capitaliste est partout. Et parfois même dans les démarches les plus admirables, comme celle de la lutte pour les droits humains. Cette dernière, en s’associant au néolibéralisme, est petit à petit devenue un pansement utilisé encore et encore sur une plaie que l’on ne guérit jamais réellement : « Au XIXe siècle, l’idée de libertés inhérentes à un-e individu-e était fortement liée au libéralisme classique et à la domination des marchés. Cela signifiait qu’une rhétorique basée sur les droits était principalement utilisée pour justifier les contrats sans frais et la propriété privée. Il n’est donc pas étonnant que Marx ait conclu que les droits humains servaient souvent à faire l’apologie des mesures de protection des capitalistes. Pourtant, à l’apogée de la social-démocratie au milieu du XXe siècle, les droits humains ont été remaniés dans le cadre d’une politique visant à créer plus d’égalité au sein des communautés nationales. Si la notion de droits humains a eu initialement peu d’impact à cause du grand nombre d’autres idiomes qui poursuivaient ce même but – y compris, bien sûr, le socialisme –, cela montrait au moins que l’idée était alors flexible et pouvait être révisée. Puis le néolibéralisme est arrivé, et le mouvement des droits humains a incontestablement été affecté. La législation et la politique des droits humains ne sont jamais revenues à la protection des contrats et des biens, mais elles ont brisé leur alliance du milieu de siècle avec la politique redistributive et ont été condamnées à un rôle mineur et défensif destiné à contrer la nouvelle économie politique. […] Que les idéaux des droits humains se soient répandus à travers le monde en tandem avec le néolibéralisme ne signifie pas que nous devrions blâmer – et encore moins laisser tomber – ces grands idéaux. Au contraire, cela signifie que les droits humains n’ont de sens qu’en tant que partenaire d’une nouvelle politique de distribution équitable. […] Cependant, les militant-e-s des droits humains doivent réfléchir à deux fois aux circonstances de leur succès dans l’établissement si puissant des définitions du bien et du mal dans le monde entier. Pour le reste d’entre nous, nous devons reconnaître les limites des droits humains et admettre que nous avons échoué à apporter des visions et des projets audacieux en dehors du cadre des droits. Les mouvements des droits humains ont été les derniers arrivés d’une ère de préoccupations focalisées sur la distribution. Mais même lorsqu’ils s’y sont intéressés, ils ont mis la barre très bas, en se concentrant uniquement sur le fait de sauver les plus démuni-e-s de la misère. Les droits humains ne sont pas à blâmer pour l’inégalité, mais nous devons faire face à notre responsabilité pour les avoir considérés comme une panacée. […] En fin de compte, les mouvements des droits humains peuvent œuvrer à sortir de leur camaraderie néolibérale, même si d’autres restaurent le rêve de l’égalité dans la théorie et la pratique. Tant que nous ne compléterons pas les droits humains avec d’autres idéaux et projets, nous laisserons la promesse de cette justice mondiale que nous recherchons tant non tenue et menacée. » [The Nation] [ENG]
• Violences à la fac de Montpellier : un prof de droit assume avoir porté des coups : l’ancien doyen Philippe Pétel et le professeur d’histoire du droit Jean-Luc Coronel de Boissezon ont été placés en garde à vue le 28 mars 2018 en début d’après-midi. [Les Inrocks]
• Trans, visible et fier ! : le samedi 31 mars 2018, c’était la journée internationale de la visibilité trans. Adrián De La Vega a fait une petite vidéo à cette occasion.

• The real reason the NRA’s money matters in elections : la situation du lobby des armes à feu aux États-Unis et l’influence de la NRA sur le paysage politique et culturel est un sujet moins simple qu’il n’y paraît, bien plus dévastateur : « L’argent joue un rôle essentiel dans l’histoire de l’influence de la NRA, mais pas comme de nombreuses personnes pourraient le penser a priori. L’argument populaire “l’argent n’a pas d’importance” [dans la discussion autour de l’influence de la NRA auprès des politiques, ndlr] ignore quelque chose d’absolument crucial : les dépenses extérieures. Plutôt que de donner de l’argent directement aux politicien-ne-s, le lobby des armes à feu dépense la majeure partie de son argent indépendamment des candidat-e-s politiques, diffusant des publicités à la télévision et sur Internet invitant les électeurs-rices à rejeter quiconque appuie la réforme des armes à feu. De 1998 à 2017, la NRA a distribué 144,3 millions de dollars en dépenses extérieures, soit 10 fois plus que ce qu’elle dépensait en dons directs aux candidat-e-s fédéraux-ales. » [Vox] [ENG]

Les lectures de la rédac de Deuxième Page

• Mise en scène trash, humiliations : enquête dans les coulisses de l’émission de Karine Le Marchand sur l’obésité : le 19 mars 2018, BuzzFeed France publiait une enquête au sujet de la prochaine émission de Karine Le Marchand sur l’obésité. En collaboration avec M6, la société de production de la présentatrice est en train de tourner une émission grossophobe, voyeuriste, sensationnaliste. Nous faisons donc suivre la pétition lancée par le collectif queer indispensable Gras Politique. Les demandes sont simples : empêcher le tournage de l’émission et sa réalisation. Pour signer la pétition, c’est ici. [BuzzFeed France]
• Les photographies de Rema Chaudhary : entre portraits et paysages à ciel ouvert, les images de Rema Chaudhary provoquent un flot d’émotions fortes en nous. Ses photographies sont imprégnées d’une grâce inhabituelle, celle que l’on peut croiser à chaque coin de rue, si l’on prend le temps de regarder. Tu peux la suivre sur Instagram.

© Rema Chaudhary

Self. © Rema Chaudhary

2015. © Rema Chaudhary

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Image de une : Test Shoot, modèle et esthétique par Rhea Gupte. © Rema Chaudhary