Les coups de cœur de Think tank by 2P
- Asia Argento Writes Powerful Essay on Refusing to Be Silenced : « Ce qui a été fait ne peut pas être défait. Ce qui a été révélé ne peut plus être caché. Ce qui a été dit ne peut plus être ignoré. Pour avoir dit la vérité aux puissant-e-s, j’ai été désignée comme une putain, une menteuse, une traîtresse et une opportuniste. La seule chose que je ne serai pas, la seule chose qu’aucune d’entre nous ne sera, c’est d’être réduite au silence. » [IndieWire] [ENG]
- These women are some of America’s greatest artists. Why don’t they get the respect they deserve? : les artistes féminines ont longtemps été invisibilisées et ignorées par les institutions qui devraient pourtant s’assurer de leur mise en lumière. Avec quelques exemples, Sebastian Smee tente d’expliquer les raisons de cette situation : « Pour n’importe quel-le artiste, une rétrospective dans une institution importante a toujours le rôle d’une sorte d’apothéose. […] La demande autour du travail d’un-e artiste augmente inévitablement à la suite de ces expositions – et après toute une vie d’incertitude financière, cela peut être significatif. Cela dit, pour celles qui ont 70 ou 80 ans et qui ont risqué tout leur être créatif durant un demi-siècle ou plus – forger un nouveau langage visuel, cultiver des idées, lutter contre le désintérêt, la condescendance, le doute et toutes les vexations ordinaires de la vie quotidienne –, je soupçonne que tout cela n’a probablement aucun lien avec l’argent. Il s’agit pour elles d’obtenir la reconnaissance qu’elles méritent, la réception qu’elles méritent. » [The Washington Post] [ENG]
- A Cure Worse Than the Disease : partout dans le monde, la course aux fake news est devenue une excuse pour créer une censure institutionnelle. Des lois sont votées en vue de limiter la propagation de ces fake news, dont la définition est encore aujourd’hui très friable. De plus, les changements d’algorithmes de nombreuses plates-formes sociales en ligne – Facebook notamment – ont des conséquences souvent inverses à leur mise en place : « Au cours des deux dernières années, les démocrates et les libéraux-ales aux États-Unis et dans d’autres pays occidentaux ont exagéré la menace des fake news, tout en faisant la politique de l’autruche face à la nature lamentable de la campagne démocrate de 2016, mais aussi face à la profonde décadence nationale qui a facilité la montée d’une figure telle que celle de Donald Trump. Malheureusement, cette exagération a eu l’effet involontaire, voire prévisible, de donner aux dirigeant-e-s peu libéraux-ales du monde entier un bouc émissaire prêt à l’emploi pour justifier l’expansion de leur pouvoir de censure de manière alarmante. Le remède aux fake news se révèle rapidement comme étant beaucoup plus nuisible à la démocratie que la maladie elle-même. » [Jacobin Magazine] [ENG]
- Terry Crews: Men Don’t See Women As ‘All the Way Human’ : depuis le début de #metoo, l’acteur Terry Crews est une voix importante en faveur du changement. Il parle avec beaucoup d’honnêteté du rôle des hommes pour renverser les mécanismes du patriarcat. Et cela doit se faire notamment par la prise en compte de terribles vérités. Lors du Women of the World Summit 2018, il a expliqué longuement son point de vue : « La masculinité peut être une secte. Et quand je dis “secte”, il n’y a aucune différence avec celle de David Koresh. Il n’y a aucune différence avec celle de Jim Jones. […] Un mec ne regarde pas [une femme] comme totalement humaine. C’est ce qu’il faut bien comprendre – il y a un problème d’humanité ici. [Les femmes] disent : “Pourquoi ne m’entends-tu pas ? Pourquoi ne vois-tu pas mes sentiments ?” Et [les hommes] voient les choses de cette manière : “Mais tu n’es pas tout à fait humaine. Tu es là pour moi, tu es là pour ce qui me concerne.” C’est réel. » Crews a aussi admis sa propre responsabilité : « J’en suis coupable. Je croyais, simplement parce que j’étais un homme, que j’avais plus de valeur que mon épouse et les autres femmes présentes dans ma vie. » [The Cut] [ENG]
- Sandra Oh Says ‘Decades’ of Hollywood Racism ‘Brainwashed’ Her : dans une interview, l’actrice Sandra Oh révèle comment le racisme d’Hollywood a eu une influence sur sa carrière et sa propre vision d’elle-même. La série Killing Eve, qui vient de débuter et pour laquelle elle a obtenu le rôle principal, est un accomplissement sans précédent pour l’actrice, mais qui semble tardif au vu de l’étendue de sa carrière et de son talent. Elle se confie sur le moment où elle a appris qu’elle incarnerait Eve, et son incrédulité : « À quel point avais-je intériorisé cela ? Autant d’années à être perçu-e d’une certaine manière t’affectent profondément. Tu te demandes : comment le racisme influence-t-il mon travail ? L’idée que l’on m’offrait un rôle qui serait central pour les scénaristes ne m’a même pas effleuré l’esprit. Pourquoi ? […] Après des décennies où l’on te dit de voir les choses d’une certaine manière, tu comprends : “Oh mon dieu, ils m’ont lavé le cerveau. J’ai subi un lavage de cerveau.” Donc c’était une révélation pour moi. » [IndieWire] [ENG]
Les lectures de la rédac de Deuxième Page
- Fraîches Women Festival : un événement qui mettra « les femmes afrodescendantes à l’honneur, et pas qu’elles ». Et une journée entière de débats, d’ateliers, de discussions, de concerts et de rencontres. La première édition du Fraîches Women Festival aura lieu le 6 mai prochain à Montreuil, à l’initiative du magazine en ligne L’Afro.
- Laïcité à l’école : des sages vraiment sages ? : une vidéo pour découvrir qui sont les 13 membres du « Conseil des sages de la laïcité », et la fonction de cette instance problématique. [AJ+]
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- Interview : Deborah Willis, professeure et porte-parole d’une culture afro-américaine révisée : discuter avec la professeure Deborah Willis, c’est un peu comme ouvrir un livre d’histoire et découvrir que l’on y aurait corrigé tous les oublis, toutes les erreurs.
- Wonder Woman, et les limites du féminisme marketé : en 2018, que reste-t-il de féministe dans cette icône détournée en produit de consommation ?
- The Handmaid’s Tale, la fiction essaye-t-elle d’alerter la réalité ? : si l’on n’y prend pas garde, la dystopie et la réalité peuvent parfois se rejoindre.
Image de une : Sandra Oh dans Killing Eve. © BBC America