Les coups de cœur de Think tank by 2P
- ‘Unfuckable’ Women Don’t Go on Killing Sprees : le titre de cet article écrit par Lux Alptraum pourrait se suffire à lui-même : « Les femmes “imbaisables” ne commettent pas de massacres. » L’autrice explore avec justesse les conséquences de la masculinité toxique dans nos sociétés, et plus particulièrement comment les hommes cis hétéro se sont appropriés l’espace sur Internet, se revendiquant comme seuls êtres en souffrance et en manque d’amour, tout en blâmant les femmes pour leur solitude et leur propre désespoir : « Le fait que les hommes hétérosexuels en colère dominent ces espaces a moins à voir avec le fait qu’ils sont plus solitaires [que les autres personnes] qu’avec le fait qu’ils sont plus enclins à empêcher les femmes de parler, dénigrant la vision du monde d’autrui. La masculinité toxique qui efface les voix des femmes est la même masculinité toxique qui considère la violence comme une solution acceptable pour remédier à la tristesse d’un individu. Amplifier les histoires contant la solitude romantique des femmes, des personnes non binaires et des hommes queer est un premier pas important vers la défaite de cette mentalité toxique. » [Splinter News] [ENG]
- La guerre d’Algérie a commencé à Sétif le 8 mai 1945 : « Le 8 mai 1945, tandis que la France fêtait la victoire, son armée massacrait des milliers d’Algériens à Sétif et à Guelma. » [Le Monde diplomatique]
- The Disturbing Merchandising of The Handmaid’s Tale : sur Deuxième Page, on te parle de féminisme marketé depuis bien longtemps maintenant. Aujourd’hui, les marques et grosses entreprises ont tout intérêt à se draper de l’étendard de la justice sociale afin de se faire bien voir par leurs client-e-s potentiel-le-s. Les conséquences de cette récupération capitaliste de nos luttes (qui est loin d’être inédite ou nouvelle) peuvent être variées. On parlait par exemple du film Wonder Woman sur le webzine lors de sa sortie, mais il est aussi intéressant de considérer l’un des derniers cas en date : le merchandising autour de la série dystopique The Handmaid’s Tale : « Le merch autour de The Handmaid’s Tale n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de tendances tape-à-l’œil – comme les rubans roses, les autocollants pour voitures et oui, même les pistolets appelant les femmes à “se battre comme une fille” pour lutter contre le cancer du sein, les tasses à café affichant que “les filles veulent simplement être PDG”, les livres pour enfants She Persisted [“Elle a persévéré” en référence au livre de Chelsea Clinton], les décorations murales et les tatouages – qui transforment des idées féministes en marchandises (et pas simplement les idées d’une féministe ordinaire, mais, tu sais, genre celles d’une féministe cool). C’est la politique transformée en mode éphémère : tu peux carrément porter tes convictions sur le torse sans jamais avoir à te bouger pour les transformer en actions concrètes. » [Vulture]
- Wonder Woman, et les limites du féminisme marketé, écrit par Annabelle Gasquez, Deuxième Page, 15 juin 2017.
- The Handmaid’s Tale, la fiction essaye-t-elle d’alerter la réalité ?, écrit par Patricia Marty, Deuxième Page, 7 novembre 2017.
- Alexis Okeowo on appropriation in writing: ‘It’s time for another reckoning’ : lors de son discours, l’autrice a rappelé l’importance de la responsabilité de celles et ceux qui racontent les histoires des autres, en particulier les journalistes : « Comment pouvons-nous apprendre de nouvelles manières d’être au monde et d’interagir avec celui-ci, tout en désapprenant nos anciennes habitudes ? Nous devons nous tenir responsables les un-e-s les autres, même si cela est difficile et désagréable. Je veux que nous prenions position publiquement : dire non aux missions qui relèvent de l’exploitation, refuser de travailler pour des médias qui ne donnent pas la priorité à des histoires nuancées au sujet de lieux et de personnes à la marge, ou qui n’embauchent pas des auteurs-rices et rédacteurs-rices venant de ces mêmes milieux. Il pourrait s’agir d’une manière d’utiliser notre pouvoir de façon responsable et éthique. Être prudent-e-s et avoir conscience que par un simple concours de circonstances, notre rôle de conteurs-ses d’histoires pourrait être inversé”. [The Guardian] [ENG]
- Mrs Roots : une dose d’afroféminisme dans la littérature française : le livre pour enfants de Mrs Roots, Comme un million de papillons noirs, est en cours de réédition aux éditions Cambourakis. Il sera disponible le 5 septembre 2018 en librairie. [RTL Girls]
Les lectures de la rédac de Deuxième Page
- À Cannes, 82 femmes réclament “l’égalité salariale” : en haut des marches du Festival de Cannes, Cate Blanchett et Agnès Varda ont lu un texte expliquant leurs revendications : « 82 femmes se tiennent sur ces marches aujourd’hui. 82 : c’est le nombre de films réalisés par des femmes invités à concourir en compétition depuis la première édition du festival en 1946. Dans le même temps, 1 688 hommes ont pu grimper ces mêmes marches. En 71 années de ce festival si renommé, le jury a été présidé par 12 femmes seulement. La prestigieuse Palme d’or a été décernée à 71 réalisateurs, trop nombreux pour être cités un par un, mais seulement deux réalisatrices : Jane Campion, qui est avec nous en pensée, et ma pomme, Agnès Varda. La Palme de Jane était ex æquo, et la mienne honoraire… Ces chiffres sont éloquents, irréfutables. Les femmes ne sont pas une minorité dans le monde, et pourtant notre industrie dit le contraire. Nous voulons que ça change. Nous sommes actrices, productrices, réalisatrices, scénaristes, directrices de la photographie, agents artistiques, monteuses, distributrices, exportatrices. Nous travaillons toutes dans l’industrie du cinéma. Nous sommes solidaires des femmes de toutes les industries. Nous mettons au défi nos institutions pour organiser activement la parité et la transparence dans les instances de décision et partout où des sélections se font. Nous mettons au défi nos gouvernements et nos pouvoirs publics d’appliquer les lois sur l’égalité salariale. Nous demandons l’équité et la réelle diversité dans nos environnements professionnels. Nous désirons travailler main dans la main avec nos collègues hommes, et prendre nos responsabilités pour créer derrière et devant la caméra des images dont nous croyons fermement qu’elles permettent la prise de conscience. Il est temps que toutes les marches de notre industrie nous soient accessibles. Allons-y !” [Télérama]
- Festival Les Aliennes 3.0 : Call to Action : tu le sais, Deuxième Page participera au festival de l’association Les Aliennes 2018. Dans le cadre de cet événement, nous seront présentes les 25 et 26 mai. Tu pourras venir nous voir à notre stand, on sera là pour discuter et échanger avec toi, et il sera aussi possible d’acheter des goodies pour soutenir notre association et le webzine. Tous les bénéfices des ventes iront directement dans nos prochains projets. Le samedi 26, nous animerons une table ronde intitulée « Comment militer en ligne et comment concrétiser l’action sur le terrain ? » Tu pourras venir écouter et discuter avec Aukan, Audrey Warrington, Daria Marx, Jennifer Padjemi, Laure Salmona, Mélody Thomas et Wendie Zahibo, toutes créatrices de projets militants. La table ronde est complète, mais en cas de désistement le jour même, il sera possible d’y assister ! Et enfin, pour bien te préparer à la discussion que nous aurons ce jour-là, n’hésite pas à aller faire un tour aux rencontres organisées en amont du festival pour échanger sur des sujets liant féminisme et numérique. Par exemple, le 17 mai au Bar commun (135 rue des Poissonniers, 75018 Paris), des intervenantes discuteront de féminisme, d’intersectionnalité et de l’influence d’Internet sur le combat féministe.
- Pour découvrir la boutique en ligne de Deuxième Page pour nous soutenir, c’est par là.
- Pour tout savoir sur le festival des Aliennes, une asso féministe bien décidée à faire bouger la culture, c’est ici.
- Pour assister à la table ronde du 17 mai, en amont du festival, toutes les infos sont sur l’event Facebook.
Les articles les plus lus sur Deuxième Page
- Tribune : Pourquoi j’ai fait le choix de ne plus avoir mes règles : Cielle t’explique pourquoi elle a décidé de ne plus avoir ses règles. Une tribune magnifiquement illustrée par Anaëlle Villard pour Deuxième Page.
- Leslie Plée va vous apprendre à aimer vos névroses : un livre plein de tendresse et humour pour parler de nos marottes qui nous retiennent à la frontière de l’âge adulte.
- La complexité salvatrice de Black Panther : une analyse de la dernière sortie Marvel et de sa réception. Le film prouve la puissance et l’influence de la pop culture dans nos sociétés, et l’ascendant que celle-ci peut avoir sur nos vies.
- Perfect Blue de Satoshi Kon, dilution dans l’acide de réalités dessinées : de la musique de Masahiro Ikumi à l’utilisation du dessin comme création d’altérité, Perfect Blue se présente comme un manifeste en faveur du cinéma d’animation.
- The Florida Project de Sean Baker, un certain équilibre dans l’instabilité (2017) : The Florida Project montre un revers du système capitaliste qui touche de plein fouet les États-Unis d’aujourd’hui : le fossé entre celles et ceux qui “réussissent” financièrement, et les autres. Le contraste est saisissant.
Image de une : © Pascal Le Segretain/Getty Images