Vacances (ou non), temps libre (ou pas), les chances restent bonnes pour que tu aies encore devant toi quelques instants d’oisiveté à apprécier en cette fin d’été. Le dernier Cahier de vacances concocté par Yan offre donc à ton cerveau fatigué par les aléas de la vie quelques échappatoires réflexives, militantes, ludiques, fantastiques, punks, poétiques et dystopiques.
Psycho-Pass
I Kill Giants, d’Anders Walter
The Vegan Vanguard
Pretty, Brown & Nerdy
Antastesia
Testament (trilogie), de Jeanne-A Debats
This Is My Fest
Dream Wife
Vera Molnár
God Save the Chicks
Life is Strange
La série 100 % frissons
Psycho-Pass
Bien loin du stéréotype de la série de vacances aux couleurs pastel et au scénario inconséquent, cet anime dépeint un futur proche dérangeant, plein d’échos familiers. Le ministère du Bien-être y a transformé le monde selon sa vision singulière de la perfection, laquelle est évidemment normée, policière et technologique. Grâce au système de contrôle Sybil implanté dans chaque citoyen-ne via un « psycho-pass », les machines et divers drones peuvent contrôler instantanément l’état mental, le caractère et la propension à la criminalité de chacun-e, classant ainsi les individu-e-s selon des grades. Certain-e-s criminel-le-s en puissance jouent dès lors les chiens de chasse et traquent d’autres personnes pensant comme eux et elles. Simultanément, au visionnage, ce tri binaire et opaque – supposé infaillible – s’emploie à nous faire douter de son caractère dystopique. L’inquiétante étrangeté d’un Neuromancer ou d’un 1984 dégouline pourtant de cette société, instaurant une atmosphère cyberpunk aux relents neo-tokyoïtes plus que dérangeante. Une bonne manière de nous faire réfléchir à nos propres sociétés sans en avoir l’air.
Les deux saisons de Psycho-Pass sont disponibles sur Netflix.
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Un film nostalgique
I Kill Giants, d’Anders Walter
Envie d’un peu de légèreté, d’une quête initiatique, de fantastique, d’une cargaison de bons sentiments ? Et en plus, tu en as franchement marre d’attendre la suite de Stranger Things ? Bien sûr, tu pourrais revoir E. T. ou Les Goonies pour la 154e fois, mais pourquoi ne pas plutôt laisser sa chance à I Kill Giants et ainsi éviter le « all boys club » et ses tropes plus que dépassés et fatigués ? Tu y découvriras la jeune Barbara Thorson, toujours occupée à préparer des pièges, à affiner ses concoctions et à vérifier ses charmes. Elle a un job vital : protéger la ville des géants, et peu importe si elle doit être solitaire et un poil trop nerd, voire effrayante et étrange aux yeux de certain-e-s. La petite fille incomprise s’échappe de la réalité, elle tient bon malgré le harcèlement et les tensions familiales. Elle seule sait guetter les mauvais augures, et rien ni personne ne peut la détourner de sa mission. Elle reste l’unique rempart face à la menace. Alors certes, Hollywood édulcore un énième film en comparaison à son comics originel, mais le long-métrage aborde tout de même des thèmes un peu plus profonds que les œuvres références qui l’ont précédé et ont bercé nos enfances. Et qui sait, peut-être que I Kill Giants réussira à son tour à gagner une place spéciale dans ton petit cœur.
I Kill Giants est disponible en VOD, DVD et Blu-ray.
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Le podcast engagé de la rentrée
The Vegan Vanguard
Un été peut être marqué du sceau de la flemme, de la lenteur et de la vacuité. Mais il peut aussi être politique, militant et propice à l’apprentissage. L’avant-garde végane pourrait sembler trop « extrême » aux néophytes, mais pour qui souhaite creuser la question et relier ce mouvement à l’anticapitalisme, l’écologie, le féminisme, l’antiracisme, la géopolitique ou, plus largement, à toutes formes de domination, tu ne peux pas mieux tomber. Maxine et Merie discutent (en anglais uniquement, malheureusement) de révolution végane toutes les deux semaines, durant une heure, et autour de thématiques parfois surprenantes, mais toujours pertinentes et fascinantes. Avec plus de 15 heures de podcasts déjà disponibles, tu auras de quoi faire. Et si tu n’es pas très à l’aise avec la langue de Shakespeare ou que tu n’as pas le temps ou le courage de te lancer, la chaîne YouTube de Maxine, A Privileged Vegan, t’offrira un bon aperçu de son travail dans un format plus court.
Tu peux retrouver tous les épisodes de The Vegan Vanguard sur leur site ou sur leur page Facebook. Pour A Privileged Vegan, c’est par ici.
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La newsletter nerd, inclusive et positive
Pretty, Brown & Nerdy
Le titre est plutôt clair : trois mots pour annoncer qui parle et de quoi. Depuis trois ans maintenant, Jazmine, Camille et Cheyenne discutent de pop culture (cosplay, anime, sci-fi, comics, séries, films, merch, médias, etc.), de leurs attentes et coups de cœur, mais surtout des questions de représentation et de féminisme intersectionnel sur leur chaîne YouTube. Cette dernière est en plus accompagnée d’un blog et d’une newsletter, pour ne manquer aucune publication ou sortie majeure. La communauté de Pretty, Brown & Nerdy ne cesse de grandir. Elles offrent une plate-forme, une voix et une visibilité toujours plus accrue aux productions incluant des personnages racisés, ou aux personnes racisées elles-mêmes. Parce que oui, on peut être à la fois femme, noire, nerd et jolie. Et on peut parler de ses passions avec une joie débordante et communicative, le tout avec des connaissances super pointues.
Pour t’abonner à la newsletter de Pretty, Brown & Nerdy, ça se passe sur leur site. Pour le reste, c’est sur leur chaîne YouTube ou encore leur page Facebook.
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Une chaîne YouTube ensoleillée
Antastesia
Malgré une infime percée en France dans ce domaine, YouTube se fait encore rarement féminin ou queer. Il est difficile d’y aborder certains sujets (surtout si l’on tient et dépend de la monétisation) puisque ses algorithmes biaisés, ses politiques favorisant quelques thématiques/chaînes et ses communautés toxiques constituent un défi permanent pour les vidéastes engagé-e-s. Antastesia, une vétérane de la plate-forme, le sait bien, pour le vivre quotidiennement. Régulièrement, elle propose une parole aussi militante que bienveillante. Passionnée et passionnante, elle aborde tout aussi bien l’avenir de l’hébergeur que sa propre vie, ses convictions et nombre d’autres sujets, tour à tour sociétaux, culturels ou personnels. Politiques, pensées, corps et opinions s’entrelacent au fil de vidéos parfois émouvantes, souvent engagées, mais discutant toujours de la fabrique de nos sociétés. Ses créations sont indéniablement axées autour du féminisme, du véganisme, des sexualités ou encore des oppressions et diverses formes de domination. Antastesia s’emploie à garder une approche positive, respectueuse et progressiste, partageant une énergie si lumineuse qu’elle mérite une place dans ta fin d’été.
Pour découvrir les vidéos d’Antastesia et la suivre dans ses voyages et réflexions, pense à t’abonner à sa chaîne YouTube pour ne rien manquer.
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Des livres aussi drôles que touchants
Testament (trilogie), de Jeanne-A Debats
Ces récits mêlant urban fantasy et fantastique conte la vie d’Agnès Cleyre, une orpheline, sorcière et linguiste plutôt douée, tout en dépeignant une galerie de personnages complexes. Ils évoquent à la fois des problématiques sociétales, des questions de domination et de discrimination, ainsi que les conséquences des traumas psychologiques, notamment familiaux. On entre immédiatement dans un Alter-Monde parisien grouillant de créatures mythiques. L’humour caustique, les dialogues et les réparties soignées ainsi que les personnalités fortes et attachantes des livres sont doublées d’une foule de références historiques passionnantes. L’oncle d’Agnès, notaire officiel et immortel de cet Alter-Monde, voit se succéder vampires, loups-garous, sorcières, dryades, faunes et autres entités dans son bureau. Le fantastique est ici moderne, sensible et politisé, et n’en devient que plus riche, prenant et réaliste au fil de la lecture. Le tout monte crescendo tome après tome, jusqu’à une apothéose aussi émouvante que vertigineuse.
La saga de Jeanne-A Debats est disponible dans de nombreuses librairies.
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Le festival du DIY solidaire
This is My Fest
Tu rêves d’un événement inclusif, solidaire, festif, plein d’entraide, de do it yourself, de bouffe végane et surtout de punk/hardcore ? Et pour pas cher ? Rends-toi à This is My Fest, donc la septième édition aura lieu en mai 2019. Il va donc falloir patienter un peu pour profiter à nouveau de l’un des rares festivals français rassemblant des groupes locaux ou internationaux autour du punk – sous l’impulsion de La Guerilla Asso (et donc de Guerilla Poubelle) –, mais promis, ça en vaut largement la peine. Quoi de mieux que d’écouter du punk et de soutenir la scène en passant à Panic at the Distro choper un peu de merch ? En plus, au passage, tu aides au financement de certaines assos, dont celles présentes. L’esprit de cet événement est évidemment énervé et politique, mais aussi définitivement positif et progressiste. Après… faut aimer le punk, c’est sûr.
Histoire de guetter le retour du festival, tu peux passer sur son site officiel ou liker sa page Facebook.
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Une pop punk énergisante
Dream Wife
Tout est dans le titre, ironiquement. Le trio british des Dream Wife subvertit et envoie chier, refuse de plier mais reste léger, balance de la pop punk mais emmerde le patriarcat et les discriminations de genre. Les artistes jouent avec les lignes, tout en criant « what they want, what they really, really want » en tant que femmes et non objets fantasmés – sans s’excuser ni se limiter. Chez Dream Wife, le simple fait de monter sur scène, d’envoyer un son qui vient des tripes et de normaliser cet acte se veut militant. L’ambition est non seulement de (re)mettre la musique punk-rock et féminine(iste) en avant, mais aussi de créer des concerts safe, inclusifs et positifs pour que tou-te-s puissent s’y éclater, sans que rien ne tourne au glauque. Très présentes en ligne, les membres du groupe veulent propager une énergie positive, promouvoir une musique et des discussions franches, intègres, ouvertes. Et comme le hasard fait bien les choses, les Dream Wife passeront à Paris lors de la prochaine édition du Pitchfork Festival, le 2 novembre 2018.
Le premier album homonyme de Dream Wife est disponible sur la plupart des plates-formes de streaming en ligne.
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L’artiste pionnière et intemporelle
Vera Molnár
Géométrique, mathématique, épuré sont quelques-uns des termes pouvant s’appliquer au travail de Vera Molnár. L’artiste franco-hongroise a consacré sa vie aux formes perçues comme les plus « simples », à leur démultiplication, à leur organisation dans l’espace et sur la rétine, à leur répétition réglée. Pionnière d’un art parfois cinétique, usant de l’informatique (dès 1968 !), elle gravite autour du mouvement Nouvelle tendance et questionne nos perceptions. Elle interroge tout particulièrement les moyens de créer « systématiquement » – en éliminant le plus possible la subjectivité et en se rapprochant des sciences exactes. Pourtant, cela ne l’empêche pas de distiller de l’imprévu, de la liberté et de l’imaginaire dans ses créations. Le but ? Provoquer une sensation de déplaisir ou de gêne stimulant une vision plus « active », et ce afin de déclencher un processus d’« autocréation » émouvant chez l’observateur-rice. Tout cela peut paraître un peu complexe, mais promis, après avoir contemplé ses œuvres un moment, tu auras aussi des kaléidoscopes dansant sous tes paupières. Ou c’est peut-être juste moi ?
Tout le travail et les actualités de Vera Molnár sont disponibles sur son site. La galerie Oniris de Rennes est l’une des rares à l’exposer régulièrement.
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La démarche punk et féministe à soutenir
God Save the Chicks
OK, le festival est déjà passé depuis plusieurs mois. Oui, il n’est pas certain qu’il revienne l’année prochaine. Du coup, clairement, ça va être plutôt compliqué d’en profiter après avoir lu ces lignes. Mais rappeler qu’il a existé, réclamer une nouvelle édition et répandre le mot pour plus de visibilité et d’initiatives dans le genre, c’est pas mal aussi. God Save the Chicks se tenait donc début mai 2018 pour remettre les femmes au cœur de l’histoire d’un mouvement punk les ayant – surprise ! – largement délégitimisées et invisibilisées. Paradoxalement, pour un mouvement se proclamant ouvert et libre, la diversité n’a pas été plus flagrante que dans d’autres milieux, ou du moins n’en a-t-on retenu que les groupes de mecs cis vachement pâles. Lors du festival, des conférences, débats, expos et concerts aspiraient ainsi à clarifier un peu les choses. Il n’est pas inutile de rappeler que des femmes ont et continuent d’envoyer des riffs saturés et des lyrics engagées, que l’esprit punk perdure et qu’il n’a – surprise bis ! – pas de genre, sur scène comme dans un pogo.
Quitte à connaître le festival et vouloir son retour, autant te rendre sur la page Facebook de l’événement, t’abonner et lâcher un petit message si tu veux le soutenir.
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Le bonus vidéoludique ultra-sensible
Life is Strange
Le milieu vidéoludique fait partie des domaines innombrables reposant largement sur la perspective du profit et la répétition éternelle de stéréotypes. Alors, lorsque l’on échappe à la logique de « je te frappe/blesse/tue, et je gagne des niveaux et du pognon », qui plus est avec des jeux autres qu’indépendants, il est nécessaire de saluer la chose. Dans Life is Strange – et son préquel Before the Storm –, l’on incarne Max et Chloé dans une série d’épisodes retraçant quelques mois, voire années, de leur vie dans la petite ville côtière d’Arcadia Bay. Outre les particularités d’un gameplay reposant en partie sur la manipulation temporelle et les rebondissements d’un scénario un rien plus dramatique qu’un quotidien adolescent, ici on discute, s’attache, existe. Mais surtout, il nous est demandé de faire des choix. Dans un univers inclusif et sensible où l’intériorité des personnages devient centrale, ces choix questionnent souvent notre éthique et influent sur le cours du récit. Nos choix importent et impactent. Notre sensibilité est mise à mal et, parfois, de la poésie éclot et suspend un instant doucereux.
Le jeu est disponible partout, et sa suite a été annoncée pour le 27 septembre 2018 (yay) !
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Image de une : montage réalisé par Deuxième Page. Crédits photos de l’article : © DR