Les coups de cœur de Think tank by 2P
- Scientific publishing is a rip-off. We fund the research – it should be free : les publications des recherches scientifiques devraient-elles être accessibles gratuitement ? C’est en tout cas ce que défend George Monbiot : une grande partie de la recherche est financée par le public, qui doit à terme payer à nouveau s’il veut accéder aux publications. Pour George Monbiot, se rendre sur le site Sci-hub, grâce auquel il est possible de consulter des articles scientifiques sans payer, est un choix éthique. Il s’agit en effet de démocratiser le savoir, lequel ne devrait pas être rattaché ou motivé par le profil économique. [The Guardian] [ENG]
- « Je sais pourquoi je ne pige pas un mot d’arabe, qui est pourtant ma langue maternelle » : le racisme peut prendre des formes insidieuses. En France, il est si présent que nous avons collectivement rejeté la langue arabe. Les dernières polémiques stériles sur l’apprentissage de l’arabe à l’école nous montrent à quel point le chemin à parcourir est encore long. L’une des conséquences de ce racisme systémique : certaines personnes, dont l’arabe est la langue maternelle, ont fini par le rejeter aussi. Nadia Daam relate ce processus dans un texte sincère et touchant. Une lecture indispensable. [Slate.fr]
- Emma Thompson, In Conversation : une interview de la talentueuse et brillante Emma Thompson. Dans cet entretien passionnant, elle nous parle de son sentiment face aux bouleversements de nos sociétés, de son rapport à la maternité, à la féminité, au féminisme. Elle y dénonce l’âgisme omniprésent à Hollywood et son expérience d’actrice, en perpétuelle évolution. [Vulture] [ENG]
- Happy Birthday, Clara Schumann : à l’occasion de l’anniversaire de la compositrice Clara Schumann, The American Scolar a partagé le portrait de cette pianiste talentueuse qui, au XIXe siècle, a réussi à se faire un nom et à s’imposer en tant qu’artiste. Malgré le sexisme de la société qui l’a vue naître et les obstacles rencontrés, Clara Schumann a fait preuve d’une force incroyable. En 2018, il est temps de la réhabiliter et de partager son travail, trop longtemps ignoré par les historiens. [The American Scholar] [ENG]
- Meet Faluda Islam, the Muslim Drag Queen From the Future : « Quand je suis arrivé aux États-Unis la première fois, beaucoup de gens de la scène gay considéraient l’islam comme antagoniste à ce qu’ils étaient. » C’est sur ce constat que Zulfikar Ali Bhutto, d’origine pakistanaise, libanaise et iranienne, décide de créer Faluda Islam, sa persona drag luttant contre l’islamophobie. Ce portrait raconte comment, à l’aide de son amie colombienne Ana Montenegro, celui que ses ami-e-s surnomme Zulfi tente de combattre la haine et la paranoïa incrustées dans la société américaine et une partie de sa population. À la fois queer et musulman, l’artiste nous rappelle que, pour certaines personnes, l’intersectionnalité des luttes est une chose bien concrète. [Broadly] [ENG]
Dans la bibliothèque et les oreilles de la rédac de Deuxième Page
- #Bibliotheque2P, le livre de la semaine : en quelques années, la blogueuse Laura Nsafou – aka Mrs Roots – s’est fait un nom sur Internet grâce à son indispensable blog afroféministe et littéraire, une plate-forme incroyablement riche par son contenu. En 2017, elle dévoilait ses talents d’autrice jeunesse dans un livre pour enfants intitulé Comme un million de papillons noirs, illustré par Barbara Brun. Financé grâce à une campagne Ulule, il s’agissait du deuxième ouvrage publié aux éditions Bilibok. Le succès a été tel que les stocks se sont rapidement épuisés, et depuis plusieurs mois, il était impossible de se le procurer. Mais heureusement, bonne nouvelle, les éditions Cambourakis ont pris le relais ! Depuis le 5 septembre dernier, le livre est à nouveau disponible dans une édition de très belle facture. Comme un million de papillons noirs, c’est une histoire tout en poésie dont la thématique est trop peu abordée, bien qu’essentielle. À cause des moqueries des enfants sur ses cheveux afros, Adé ne les aime pas et trouve qu’ils ne sont pas beaux. Accompagnée de sa mère et de ses tantes, la petite fille va, tout au long du récit, apprendre à découvrir la beauté de ses cheveux, quoi qu’en disent les autres. Les textes sont d’une justesse admirable et d’une grande douceur. Les illustrations qui les accompagnent magnifiques. Et le message est indispensable : il y a de la beauté en dehors des normes que l’on nous impose, et cette beauté-là se trouve aussi dans la chevelure afro d’Adé. Cet album, à mettre entre toutes les mains, est une bouffée d’oxygène nécessaire.
- Passion Podcasts, l’émission à écouter cette semaine : pour son premier numéro, le podcast Miroir Miroir, animé par Jennifer Padjemi, s’intéresse à la grossophobie. Nous t’en parlions déjà dans notre chronique du livre Gros n’est pas un gros mot : il est nécessaire de nommer les discriminations pour les combattre. Et c’est exactement ce que font la journaliste et son invitée, la réalisatrice et autrice Gabrielle Deydier. La discussion est menée comme une interview classique, laissant peu à peu aux auditrices et auditeurs la liberté de questionner leur propre regard sur ces questions, de réfléchir aux nombreux préjugés que nous intériorisons tout au long de notre vie. Comment, dans une société où les injonctions concernant notre apparence sont permanentes, inévitables et intenables, exister par soi-même ? Comment s’accepter ? Mais surtout, comment peut-on apprendre à s’aimer lorsqu’une discrimination systémique telle que la grossophobie est à peine reconnue, discutée ou traitée ? « Le poids est un enjeu féministe », écrivait Susie Orbach dans son ouvrage du même titre. Ce constat de 1978 est peut-être plus actuel que jamais, et la première émission de Miroir Miroir vient nous le rappeler.
Les articles les plus lus sur Deuxième Page
- Frida Kahlo, une artiste maîtresse de son destin : alors que la figure de Frida Kahlo est constamment récupérée à des fins mercantiles, Souad, elle, tente de faire son portrait : celui de la femme, de l’artiste, de la créatrice qui allégorisait la souffrance de l’existence et ses paradoxes.
- Ex Machina, l’intelligence artificielle redéfinira-t-elle l’humanité ? : dans Ex Machina, Alex Garland peint la toile nihiliste d’un futur où les robots incarnent les figures fantasmées d’une féminité totale et servile, lesquelles se retournent inévitablement contre leurs créateurs.
- Cahier de vacances #9 : les recommandations culturelles de Yan : cette liste offre à ton cerveau fatigué quelques échappatoires réflexives et poétiques, du film I Kill Giants, aux vidéos d’Antastesia, en passant par les œuvres de Vera Molnár ou le podcast Vegan Vanguard.
- Tribune : Ce que Le Seigneur des anneaux m’a appris sur mon féminisme : la pop culture a une influence importante sur nos vies, sur notre manière de voir le monde. Pour Annabelle, Le Seigneur des anneaux a marqué durablement l’adolescente qu’elle était, et en grandissant, lui a appris à comprendre sa vision du féminisme.
- Wonder Woman, et les limites du féminisme marketé : le féminisme marketé, qu’est-ce que c’est ? On t’explique tout dans cette analyse de Wonder Woman, que nous avions publiée à l’occasion de la sortie du film. Que reste-t-il de féministe dans cette icône détournée en produit de consommation ?
Image de une : Emma Thompson, 2017. © Kirk McKoy / Los Angeles Times