Culture, politique et société : avec le SNAP Festival, les travailleuses et travailleurs du sexe font entendre leurs voix

Le SNAP Festival, organisé par le collectif Art Whore Connection et en partenariat avec le STRASS se tient au Point Éphémère à Paris, du 2 au 4 novembre 2018. Lors de cet événement, les travailleurs-ses du sexe seront au cœur de ces trois jours effervescents. Au programme : art, militance, échanges.

En ce mois de novembre, le Point Éphémère à Paris accueillera le SNAP Festival. Dès ce soir, tu pourras y découvrir des tables rondes – animées par des expert-e-s, des organisations concernées et des artistes –, des conférences, des expositions, des spectacles, des performances et des projections de films. Une programmation intense et riche qui ne te laissera pas indifférent-e. Pour la première fois en France, le public pourra se rendre à un festival consacré aux métiers du sexe et aux personnes qui les exercent. Souvent caricaturé et stigmatisé, ce milieu professionnel est généralement traité avec beaucoup d’ignorance dans les médias traditionnels – quand ceux-ci prennent la peine de s’en préoccuper. L’enjeu est clair : créer un moment privilégié pour aborder des sujets importants, qu’il s’agisse du travail du sexe lui-même ou de problématiques liées à sa représentation (pour en savoir plus, on te recommande la très bonne interview de Carmina publiée par le webzine féministe Simonæ).

Avec le SNAP Festival – pour Sex workers Narratives Arts & Politics –, la parole est aux concerné-e-s. Des perspectives plus que nécessaires afin de mettre fin aux préjugés et de lancer des discussions profitables à toutes et à tous. Comme l’expliquent très justement les organisateurs-rices, « les travailleuses-eurs du sexe se situent à l’intersection d’enjeux théoriques et politiques majeurs. […] Aussi n’est-ce pas un hasard si le travail sexuel et les personnes qui l’exercent constituent un point de convergence vivant de contre-cultures féministes, politiques, queer, libertaires ». Et c’est cette interconnexion entre société, politique et culture que le festival va explorer. « En art, les figures de prostituées parsèment les films, la littérature, la peinture, la photo et se manifestent avec deux mêmes types de représentations, deux faces de la même pièce du stéréotype, nous a précisé Marianne Chargois, à l’initiative du projet. Soit on retrouve la pute, une femme vulnérable et violentée à sauver, soit on a le cliché de la femme dangereuse et vénéneuse à anéantir. Or, ces représentations ont des effets sur le réel, elles créent du stigmate envers les travailleurs-ses du sexe et des autorisations dans l’imaginaire collectif à pouvoir les mépriser et les violenter. Face à toutes ces représentations subies et infériorisantes que nous vivons, nous opposons nos autoreprésentations de travailleurs-ses du sexe comme arme d’autodéfense, comme réparation face à l’éviction systématique de nos voix de l’espace public. Avec le SNAP, nous nous réapproprions les discours et représentations qui nous concernent. »

Voilà une petite mise en bouche : en guise d’ouverture, le vendredi 2 novembre, le documentaire Whores on Film de Juliana Piccilio sera diffusé, en présence de la réalisatrice qui sera là pour échanger avec les spectatrices et spectateurs. Dans ce film, les travailleuses du sexe analysent elles-mêmes les représentations de leur métier au cinéma. Le samedi 3 novembre, tu pourras assister à une projection suivie d’une table ronde « mettant en perspective les lois anti-migratoires, les législations sur le travail sexuel en France et en Europe, et leurs conséquences sur les vies des personnes en parcours de migration ». Le dimanche 4 novembre, l’excellent documentaire d’Ovidie, Là où les putains n’existent pas, sera projeté. La réalisatrice discutera d’ailleurs avec le public après le visionnage. Enfin, le SNAP Festival sera l’occasion idéale pour découvrir le travail de nombreux-ses artistes tel-le-s que Juniper Fleming, Paola Revenioti ou Romy Alizée, mais aussi pour profiter de performances et de concerts particulièrement enthousiasmants.

Alors, si ça te dit, procure-toi le pass trois jours. À la clé : accès aux projections, aux spectacles et à la soirée de clôture. Tout le reste de la programmation est en entrée libre.

Image de une : © Juno Mac