Lorsque les choses ne se passent pas comme prévu, le doute s’installe et les journées peuvent se transformer en longues et fastidieuses réflexions. On finit par se morfondre et se complaire dans l’inactivité, jusqu’au jour où le doute s’évapore.
Réveillée ce matin par les rayons du soleil traversant mes volets entrebâillés, je me redresse dans mon lit les yeux encore collés par le sommeil et la tête tambourinant à cause d’un mal de crâne carabiné. Il ne me lâche pas depuis trois jours et rend impossible toute nuit réparatrice. Je m’apprête également à revivre la même journée que ces trois dernières. Des journées en pilotage automatique au cours desquelles mon esprit ne parvient pas à s’accrocher à la réalité, il s’égare, il ressasse, il divague.
Pour aboutir à cet état de torpeur, il s’est produit un événement particulier, une annonce qui a produit un léger cataclysme. Une petite bombe dans mon microcosme si bien réglé.
Il peut nous arriver à tou-te-s d’échouer dans quelque chose qui nous tient à cœur. Il ne s’agit pas de manquer une compétition sportive ou de rater un examen – non pas que ces deux échecs soient moins importants que celui que je m’apprête à énoncer –, mais d’un échec qui met à mal des projets d’avenir longuement réfléchis.
Une semaine auparavant, un jury composé de plusieurs hommes sévères en costume-cravate et d’une femme à l’air sérieux, habillée de manière très élégante, bien installé-e-s derrière un gigantesque bureau, ont évalué mes compétences afin d’établir une sélection. C’était un entretien en demi-teinte duquel je suis sortie perdue. Il était impossible de deviner leurs pensées en scrutant ces multiples visages de marbre. Quelques compliments, mais aussi quelques regards interrogateurs ont rythmé notre échange. En fermant la porte derrière moi ce jour-là, toute énergie avait quitté mon corps, absorbée par l’anxiété. Un véritable épuisement qui a rapidement laissé place à l’espoir. Sur cet entretien reposaient beaucoup de choses, et finalement un peu trop.
Ce matin, ce fameux projet d’avenir n’existe plus, remplacé par le doute et l’absence temporaire de perspectives. C’est tout à fait déstabilisant et pour tout dire quelque peu effrayant. Une peur saisissante s’immisce dans mon esprit : la peur de ne pas surmonter pleinement cet échec, mais aussi celle qu’il se reproduise. Ainsi, je passe la journée à réfléchir, en pleine introspection, afin de démêler ces idées noires et tenter de relativiser, comme le conseille tout un-e chacun-e. Somme toute, ce conseil est sage, nécessaire, facile à prononcer, mais pénible à appliquer.
Plusieurs cafés et brownies plus tard (le chocolat étant le meilleur antidépresseur au monde !), il est temps de dédramatiser. J’entends en fond sonore tourner en boucle « Don’t Stop Me Now » et accepte, dès lors, l’incertitude des mois à venir. Ce doute de soi, si humain dans ce type de situation, laisse place à d’innombrables possibilités.
Alors, peu importe ce qui peut arriver, ne laissons jamais le doute nous envahir trop longtemps.
- Quelque part à Paris.
- La littérature culinaire disponible sur Marmiton.org.
- « Don’t Stop Me Now », Jazz, Queen, 1978.