Les coups de cœur de Think tank by 2P
- Phoebe Waller-Bridge: ‘I have an appetite for transgressive women’ : une interview hilarante de la créatrice de Fleabag et Killing Eve, Phoebe Waller-Bridge, qui s’ouvre avec la jeune femme demandant au journaliste de lui apprendre à roter. L’échange est, au-delà d’une démonstration des merveilles que peut accomplir le corps humain, enrichissant et drôle, à l’instar de l’artiste britannique. Dans tout son travail, Waller-Bridge questionne ce qu’être une femme signifie, mais aussi la performance de la féminité et sa possible subversion : « Dans les drames et à la télévision, on sexualise les femmes sans arrêt. Elles sont objectifiées. Mais l’exploration du désir créatif d’une femme est vraiment passionnante. Elle peut être gentille, mais dans le même temps les recoins les plus obscurs de son esprit sont inhabituels et complètement pétés, parce que c’est le cas pour tout le monde. » Dans son œuvre, Phoebe Waller-Bridge prône l’irrévérence, et la remise en cause permanente de nos a priori. [The Guardian] [ENG]
- À lire sur Deuxième Page : Fleabag, éloge aux femmes imparfaites, par Annabelle Gasquez, 17 novembre 2016.
- Les ouvrières qui fabriquent les t-shirts des Spice Girls sont exploitées : les Spice Girls, qui se reforment cette année, sont devenues les ambassadrices de la campagne « Gender Justice » de l’ONG Comic Relief. Un t-shirt a été conçu à cet effet et… un reportage du Guardian révèle que ce vêtement a été produit par des femmes sous-payées qui ont été forcées de faire des heures supplémentaires et qui ont subi de mauvais traitements. Voilà ce qui arrive quand des luttes essentielles sont exploitées pour faire de l’argent. Rappel : capitalisme et féminisme ne sont pas conciliables, et la liberté de certaines femmes ne doit jamais s’obtenir sur le dos de nos sœurs. [Marie Claire]
- Une polémique similaire avait éclaté en 2016 concernant la marque de vêtements de Beyoncé, Ivy Park. Selon une enquête, les pièces étaient alors fabriquées par des ouvrières sri-lankaises dans des conditions misérables, pour 4,30 livres par jour (un peu plus de 5 euros). La marque a évidemment nié les accusations.
- Exposure to weed killing products increases risk of cancer by 41% – study : une étude vient d’être publiée, et celle-ci démontre que l’exposition au glyphosate augmente le risque de cancer de 41 %, et plus précisément du Lymphome non hodgkinien. Aujourd’hui, cet herbicide est largement utilisé, partout à travers le monde. Les preuves recoupées par les scientifiques établissent des liens directs entre le glyphosate et ce cancer. L’entreprise Monsanto et sa filiale de Bayer ont plus de 9 000 procès en cours contre elles aux États Unis. Les auteurs-rices de l’étude estiment qu’elle est plus solide que les analyses précédemment dévoilées et qu’elle pourrait, selon certain-e-s, enfin ébranler l’empire Monsanto. [The Guardian] [ENG]
- Toni Morrison Is the Source of Her Own Self-Regard : à l’occasion de la sortie d’un nouveau recueil, The Source of Self-Regard, cette chronique explore l’œuvre de Toni Morrison. Joshunda Sanders revient sur les débuts de la carrière de l’autrice, et son rapport à l’écriture. Pour Morrison, ce fut un simple moyen de pallier sa solitude, d’organiser ses expériences et ses questionnements : « C’était une époque où il n’y avait personne à qui je pouvais parler et avec qui avoir de réelles conversations. Et je pense que j’étais aussi très malheureuse. Alors j’ai écrit, pour cette raison. Et puis, après avoir été publiée, c’était une sorte de chose compulsive parce que c’était une façon de savoir, une façon de penser que j’ai trouvée vraiment nécessaire ». Si l’on en croit cet article, l’ouvrage est une compilation passionnante de textes indispensables (essais, discours, réflexions). Et on espère une sortie française prochaine, évidemment. [Bitch Media] [ENG]
- Angie Thomas : « J’écris pour les gamins noirs oubliés de la littérature » : entretien avec Angie Thomas, l’autrice du roman The hate U give, dont l’adaptation cinématographique est sortie récemment en France. L’écrivaine raconte comment son histoire personnelle l’a poussée à écrire sur les violences policières commises contre la communauté noire et le racisme systémique. Elle s’adresse particulièrement aux adolescent-e-s, mais pas seulement. « Je voulais tout d’abord écrire pour les gamin-e-s noir-e-s oublié-e-s de la littérature, celles et ceux qui disent détester lire tout simplement parce qu’elles et ils ne trouvent pas de livres avec lesquels se connecter ni qui mettent en scène des personnages leur ressemblant. J’ai souhaité leur tendre un miroir, mais aussi leur ouvrir une fenêtre sur le monde. Tout comme j’ai voulu faire comprendre aux ados issu-e-s d’autres milieux à quoi pouvait ressembler une jeunesse dans ces quartiers pauvres. » Pour Angie Thomas, la littérature est une forme d’activisme. [Télérama.fr]
Sur les écrans et dans les oreilles de Deuxième Page
- Les rendez-vous culturels de Deuxième Page : samedi 16 février 2019 se déroulait la première édition de Popissime, un événement organisé par l’équipe de Deuxième Page sous le signe de la pop culture et du féminisme ! Pour l’occasion, cinq intervenantes spécialisées sont venues pour échanger et se poser la fameuse question : la révolution féministe a-t-elle eu lieu dans les séries télévisées ? À bord de la péniche Antipode, nous avons eu la joie de discuter avec des expertes au top, et de retrouver un public attentif et bienveillant. L’équipe de bénévoles est hyper contente de cette première édition. Toutes les journées (et nuits) consacrées à l’organisation de ce rendez-vous culturel ont porté leurs fruits, et on manque de mots pour exprimer notre fierté et notre joie. On remercie mille fois les intervenantes et les personnes présentes. On fera prochainement un petit compte-rendu de l’événement sur le webzine (et en attendant, tu peux lire celui proposé par Simonae), pour permettre à celles et ceux qui ont manqué ça d’en savoir plus sur le sujet. Et en attendant, voilà quelques photos (l’album complet est disponible sur notre page Facebook).
- L’event de la semaine : en ce début d’année, on avait envie de te parler de Massimadi, le festival des films et des arts LGBTQ+ afro qui se déroule à Montréal (Canada). La onzième édition, celle de cette année, s’ouvre le 21 février, et se tiendra jusqu’au 2 mars. L’objectif de ces quelques jours est de lutter contre les discriminations qui existent à l’égard des personnes noires et LGBTQ+ en usant du « pouvoir des arts et des images », précise la présentation de l’événement. Car l’on ne devrait jamais sous-estimer l’importance des représentations et de la culture. Les films et l’art en général permettent de sensibiliser, d’éduquer et d’informer, mais aussi de visibiliser et d’échanger. C’est par ailleurs le travail qu’effectue la plateforme de Massimadi afin de mettre en avant des talents locaux pour « faire rayonner la culture LGBTQ afro ». Durant le festival, les gens pourront donc découvrir des œuvres allant dans ce sens, mais aussi assister à des conférences menées par des personnes concernées, artistes et activistes. Tu peux retrouver la programmation complète sur le site de Massimadi (de plus, l’affiche du festival, réalisée par D.Mathieu Cassendo, est magnifique). Si tu ne peux pas te déplacer à Montréal, n’hésite pas à aller faire un tour sur le Facebook de Massimadi Bruxelles pour des événements peut-être plus proches de chez toi.
Les articles les plus lus sur Deuxième Page
- [Dépossédées #1] Et la lecture de notre première édition est… : pour la première édition de son club de lecture, Deuxième Page a décidé de s’interroger sur la place des femmes dans les polars et de lire Les Ravagé(e)s, de Louise Mey. On t’invite à découvrir l’ouvrage en même temps que nous, pour que nous puissions en parler en ligne et IRL.
- The Dame Maggie Smith Chronicles #1 : Mort sur le Nil, ou le flegme irrésistible de Miss Bowers : c’est un fait, Maggie Smith enchante la rédac’ au point d’une perte totale d’objectivité. C’est pourquoi, dès 2017, nous avons décidé de chroniquer une grande partie de sa filmographie (selon nos petites disponibilités) et de commencer avec Mort sur le Nil, film de 1978 adapté du roman éponyme d’Agatha Christie, autre femme de talent. À défaut de prendre le thé avec ces deux grandes dames, on te propose d’embarquer pour une croisière mortelle en louant la perfection de Maggie Smith.
- Fleabag, éloge aux femmes imparfaites : citée à plusieurs reprises lors de notre table ronde Popissime #1, cette série explore le quotidien d’une trentenaire vivant à Londres dans un récit subjectif où forme et fond se servent l’un l’autre pour donner lieu à l’une des créations télévisuelles les plus irrévérencieuses de notre siècle. Fleabag, l’(anti)héroïne qui mène la série, nous guide à travers ses errances et interrogations, ses imperfections. Choisir Fleabag comme sujet d’analyse permet aussi de prendre un peu de recul sur la représentation des femmes dans les séries télévisées, ce que l’on ne s’est pas privées de faire.
- Makiko Futaki, l’héroïne (presque) inconnue du studio Ghibli : l’univers des studios Ghibli a enchanté et enchante encore des générations de petit-e-s et grand-e-s. Alors, lorsque l’on aborde ces créations magiques, il est utile de rappeler qu’elles sont le fruit d’un véritable travail d’équipe, dont l’animatrice Makiko Futaki fut un pilier méconnu. Sans elle, les films de Miyazaki et Takahata ne seraient peut-être pas ce qu’ils sont. On te propose de découvrir son portrait.
- Missfits #7 : Yuri Kochiyama, une justicière sociale sans cape ni costume : parce que dans nos luttes, il est essentiel de connaître celles et ceux qui nous ont précédé-e-s, sans jamais les idéaliser mais en reconnaissant leur contribution aux avancées sociétales, nous avions envie de revenir sur le parcours de Yuri Kochiyama, figure incontournable de la lutte activiste américaine aujourd’hui oubliée. Pourtant, encore en 2019, sa voix résonne : « Sors et dis la vérité partout où tu vas. »
Image de une : Première image révélée de la saison 2 de Fleabag, qui devrait sortir prochainement. © Two Brothers / Luke Varley