Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • Grossophobie au travail : quand les personnes concernées témoignent : la grossophobie se manifeste partout, tout le temps et le monde du travail ne fait pas exception. Au contraire. Qu’il s’agisse de discriminations à l’embauche, de remarques déplacées ou de non-prise en compte de leurs besoins (lieux et mobiliers adaptés par exemple), les personnes grosses subissent de plein fouet la grossophobie dans leur milieu professionnel, ce qui n’est pas sans conséquence sur la santé mentale des concerné-e-s. Dans cet article documenté, Glamour relaie les témoignages de femmes grosses et fait le point sur la situation. Le constat est sans appel : peu de mesures ont été mises en place pour améliorer leur bien-être sur leur lieu de travail. [Glamour]
  • The Racial Politics of Disney Animals : alors que Disney ressort tous ses classiques en live action, la lecture de cette interview de l’écrivaine et militante Walidah Imarisha, qui donne des cours sur la question raciale dans les films de la corporation, semble essentielle. Elle y rappelle notamment que rien n’est neutre dans la proposition culturelle de la production américaine, et que son créateur était incroyablement conservateur. Le but d’une entreprise comme Disney est de permettre à ses actionnaires de gagner de l’argent. Aujourd’hui, Disney représente une quantité importante de sociétés de production (Pixar, Marvel, Lucasfilm ou encore 20th Century Fox, pour ne citer qu’elles), celles-là mêmes qui créent le contenu que l’on consomme massivement… et donc son idéologie. « Je pense qu’il est vraiment important pour nous d’admettre les manières dont Disney a pu tou-te-s nous influencer […] Pour les étudiant-e-s qui viennent à mon cours, il est très difficile de critiquer Disney, car Disney a fait majoritairement partie de nos vies, et ce depuis bien avant que nous puissions nous souvenir d’une époque sans Disney. Et je pense qu’il est essentiel de reconnaître que cela fait partie du plan marketing de Disney, et que son but est d’attraper les gens quand ils sont bébés – raison pour laquelle il commercialise des produits destinés aux bébés – avant même qu’ils aient conscience qu’il existe un monde sans Disney. Leur but est, d’une certaine manière, de s’implanter dans ce monde magique et cette idée de nostalgie afin que les gens ne puissent pas tomber dans le domaine de la critique. Pratiquement chaque trimestre je suis accusée de ruiner l’enfance des gens (rires). Et donc mon but est d’essayer de trouver un moyen de prendre en compte cette connexion émotionnelle tout en disant que celle-ci implique de le critiquer encore plus, pas moins », explique Walidah Imarisha. [Bitch Media] [ENG]
  • Instagram : le réseau social censure le hashtag #grosse : un énième exemple de grossophobie dans notre société. Instagram bloque la visibilité des publications postées sous le hashtag « grosse » sous prétexte qu’elles encouragent un « comportement pouvant nuire ou conduire au décès ». Il est quand même possible d’accéder au contenu… seulement une fois passé un message d’Instagram nous proposant son aide. Une sorte de censure qui contribue largement à l’invisibilisation des corps gros et au manque de représentation des personnes grosses, tout en les stigmatisant. Déplorable. [Terrafemina]
  • « On modère notre empathie mais on n’est pas des robots » : dans toutes les situations de migration, le destin des personnes mineures est d’autant plus soumis au monde des adultes que celles-ci arrivent parfois en terre inconnue sans leurs parents. Cet article relate l’expérience de Marion et Aminata, deux jeunes femmes travaillant au Demie (Dispositif d’évaluation des mineurs étrangers). Elles racontent comment chaque jour, elles doivent gérer leurs émotions face à la lourde tâche de recueillir le témoignage de ces jeunes livré-e-s à eux/elles-mêmes. « Moi, ça me travaille, explique Aminata. Parce que je les vois quand je pars le soir. Je ne baisse jamais la tête. Je leur dis au revoir ou bonjour. Ils ne sont pas invisibles pour moi, mais je me sens tellement impuissante. » [Les Jours]
  • « Ayons l’ambition de vouloir arrêter l’utilisation du viol comme arme de guerre » : une quarantaine de femmes victimes de violences sexuelles dans différents pays en guerre se sont réunies au Luxembourg sur l’invitation de la grande-duchesse Maria Teresa. Les deux Prix Nobel de la paix 2018, Denis Mukwege et Nadia Murad étaient également présent-e-s. L’objectif de cette rencontre ? Sensibiliser la communauté internationale sur l’utilisation du viol comme arme de guerre, mais aussi l’appeler à mettre en place des moyens d’action forts. D’une part, pour punir les auteurs et commanditaires des crimes et, d’autre part, pour donner aux victimes « un droit systématique à une prise en charge globale (médicale, psychologique, financière, juridique). » [Le Monde]

 

Dans la bibliothèque et sur l’écran de Deuxième Page

  • RévâsSéries, la vie de la rédac depuis son canapé : la perfection a quelque chose de profondément dérangeant. Tu sais, le malaise qui te vient quand tu découvres ces petits pavillons irréprochables dans les suburbs étasuniennes ou quand tu tentes d’avoir une conversation avec ces personnes qui sourient trop et dont la bouche abrite une série de dents parfaitement alignées et d’un blanc éclatant. Tu sais, le trouble qui s’empare de toi en contemplant ces portraits de famille proprets où tout le monde paraît heureux ou en explorant cette maison dans laquelle tout est si bien rangé qu’aucune âme ne semble y vivre. Le genre de l’horreur a depuis toujours eu pour mission d’écailler le vernis de la perfection. Dans ses meilleures manifestations, il lève le voile sur les coulisses afin de révéler les pires recoins de la nature humaine. Si comme certain-e-s d’entre nous à la rédaction, tu es plus Halloween que La Mélodie du bonheur, le reboot de The Twilight Zone (La Quatrième Dimension en français) devrait te combler. Le principe est le même que celui de l’émission culte créée par Rod Serling à la fin des années 1950. Mais ici, on retrouve le merveilleux Jordan Peele en hôte (et sa société de production Monkeypaw aux manettes, aux côtés de CBS). Le format est pour sa part plus long, ce qui n’est qu’une des nombreuses tentatives de modernisation du programme. Pour l’instant, le public a pu découvrir deux épisodes, The Comedian et Nightmare at 30,000 Feet. Et l’enthousiasme de retourner dans l’univers alternatif est bien réel. Pourtant, l’une des forces de Serling était son écriture, arrivant dans un temps record à mettre en scène des allégories d’une grande puissance et dont les meilleurs épisodes portent en eux une morale glaçante souvent incarnée par un twist magistral. Ici, la fin des deux premiers épisodes était prévisible, et l’on peut ressentir une certaine déception si l’on s’aventure à la comparaison avec l’originale. Dire que la série de Serling était un chef-d’œuvre n’est pas une exagération, et l’on peut honnêtement craindre un effet Black Mirror. Mais restons positifs-ves, car comme son ancêtre, la série puise dans la peur de l’ordinaire (comme l’œuvre horrifique de Peele plus largement). Ce « et si ? » décisif qui peut faire tourner n’importe quelle situation du quotidien au cauchemar. Les prochains épisodes pourraient se distinguer, puisque chacun présente une nouvelle histoire. Alors ne jouons pas les rabat-joie et disons-le : on a hâte de voir la suite.

The Twilight Zone, créée par Simon Kinberg, Jordan Peele, Marco Ramirez, 2019. © CBS All Access

  • Passion Podcast, l’émission à écouter cette semaine : les jeunes générations oublient parfois celles et ceux qui ont pavé la voie qu’elles prennent désormais. Le podcast Vieille Branche est une bonne manière d’entendre la parole de ces militant-e-s, intellectuel-e-s, individu-e-s qui se sont émancipé-e-s, qui ont lutté et qui ont largement aidé notre société à se forger. Il y a évidemment beaucoup d’émotion lorsque l’on écoute des femmes parler de leur parcours qui, bien souvent, a eu lieu dans un contexte misogyne, où leur expression et politisation n’étaient pas les bienvenues. Si les propos de certaines peuvent choquer, c’est aussi une manière de se rappeler que les luttes pour l’égalité ne cessent de progresser, de se transformer et que parfois, il faut se souvenir que les femmes qui s’expriment ont grandi dans un monde bien différent du nôtre. On écoute Vieille Branche avec la sensation de se saisir d’un précieux héritage, qui gagnera toujours à évoluer et à s’enrichir de nos propres convictions et valeurs. On recommande particulièrement l’épisode avec l’extraordinaire avocate et militante Danielle Mérian, dont la bataille contre la torture et en faveur de l’égalité entre tou-te-s a guidé sa vie. Mais aussi celui avec Michelle Perrot (historienne et militante féministe) ou encore Sabine Weiss (photographe). À vrai dire, tu pourrais tous les écouter.

 

Les articles les plus lus sur Deuxième Page

  • Les Ravagé(e)s, un polar pédagogique et extrême pour parler des violences faites aux femmes : Cielle revient sur le livre sélectionné pour la première édition du club de lecture féministe de Deuxième Page, Dépossédées. Elle explore Les Ravagé(e)s de Louise Mey, et analyse le procédé d’inversion des rôles mis en place dans ce polar riche et complexe. Et toi, qu’en as-tu pensé ?
  • Les 15 meilleures séries de l’année 2018 : que tu préfères l’univers torturé de Sharp Objects, l’humour à toute épreuve de Jane The Virgin, la conclusion majestueuse de The Americans ou le monde angoissant de The Haunting of Hill House, cette sélection des meilleures séries de 2018 est faite pour toi. De quoi occuper tes soirées et tes week-ends avec des séries de qualité, choisies avec amour par la rédaction de Deuxième Page.
  • Jayaben Desai, la puissance des travailleurs et des travailleuses incarnée : on le sait, les femmes sont invisibilisées dans l’histoire, voire totalement effacées. Avec ce portrait de la militante indienne Jayaben Desai, Raphaëla rend hommage à cette femme d’exception qui a lutté sans relâche pour les droits des travailleuses et travailleurs au cours d’une grève historique en Angleterre.
  • La complexité salvatrice de Black Panther : le tournant marqué par Black Panther dans la société et plus largement dans la pop culture est indéniable. Ainsi, il est intéressant d’analyser le contenu du film, et de dépasser le simple discours marketing afin de comprendre en quoi ce film hollywoodien est à lui seul une petite révolution.
  • La Planète sauvage de René Laloux, quand la fable écologiste se fait surréaliste : au début des années 1970 sortait un film étrange et fascinant : La Planète sauvage. Énigmatique et expérimental, le film d’animation de René Laloux reste encore aujourd’hui passionnant à explorer : « Au milieu des paysages chimériques de La Planète sauvage, de sa faune et de sa flore tout en rondeur, volutes et couleurs vives, les personnages questionnent notre rapport à l’autre, qu’il ou elle nous ressemble ou non ».

 


Image de une : The Twilight Zone, créée par Simon Kinberg, Jordan Peele, Marco Ramirez, 2019. © CBS All Access