Lus et revue #113 : qu’est-ce qu’on lit cette semaine ?

Les coups de cœur de Think tank by 2P

• Se passer d’Amazon : mode d’emploi : Amazon est aujourd’hui un incontournable. Malgré les scandales qui éclatent les uns après les autres au sujet du géant du Web, celui-ci reste en tête des sites de vente à l’international. Cela signifie-t-il que les citoyen-ne-s sont insensibles aux injustices perpétuées par Amazon ? Le problème n’est certainement pas si simple, car quoi que l’on en dise, la plate-forme est devenue inévitable, en particulier pour les personnes les plus précaires. C’est bien sur Amazon que l’on trouve tout un tas de produits à des prix défiant toute concurrence. Quand on constate qu’une entreprise a réussi à se rendre indispensable auprès des personnes qu’elle exploite ouvertement, on se dit que la machine capitaliste est tout de même bien huilée. Alors, que faire ? Est-il possible de s’en passer définitivement ? Ce qui est sûr, c’est qu’on peut tenter de moins l’utiliser. Et pour ce faire, le site Boycott Citoyen propose de chouettes pistes. [Boycott Citoyen]
• « La drague est anti-féministe » : en 2019, les femmes subissent toujours les conséquences du mythe de l’amour courtois et de la galanterie à la française. Valérie Rey-Robert, autrice d’Une culture du viol à la française, explique dans cette interview pourquoi la drague hétérosexuelle, qu’elle définit comme « l’appropriation des femmes et de leur temps dans l’espace public par les hommes », est profondément sexiste. Elle évoque notamment la violence qui imprègne le vocabulaire autour des rapports sexuels, et surtout le problème du consentement. C’est en effet « encore difficile pour beaucoup de femmes de questionner la sexualité. Qu’est-ce qui relève du consentement ou non ? Est-ce normal que les hommes insistent jusqu’à ce que je ne sache plus comment dire non ? » Son analyse montre que le mouvement #MeToo n’était qu’un début, et qu’il reste encore beaucoup (et le mot est faible) de choses à changer dans les mentalités. [StreetPress]
• Bons et mauvais Chinois : en Chine, les données personnelles sont désormais utilisées pour établir un système de notation des citoyen-ne-s et des entreprises. Jusqu’en 2020, ce « crédit social » sera testé par plusieurs villes, lesquelles pourront l’adapter à leur façon. Dans les faits, un tel système de crédit est déjà à l’œuvre pour les utilisateurs-rices de l’application de paiement Alipay. Des données de toutes sortes sont collectées afin d’établir une note personnelle, appelée « Crédit Sésame ». Les personnes avec de très bons scores bénéficient de privilèges, et pas des moindres : « Un bon Sésame peut même appuyer une demande de visa pour Singapour ou pour le Canada », par exemple. Au contraire, les personnes les moins bien notées peuvent se voir refuser l’accès au crédit bancaire ou devoir payer des cautions plus importantes. Depuis plusieurs années, des municipalités attribuent également des notes à leurs citoyen-ne-s, chaque action de la vie quotidienne étant susceptible de leur faire gagner ou perdre des points. L’influence de ces systèmes sur les comportements est très forte. [Le Monde diplomatique]
• Icône lesbienne et radicale : Monique Wittig a beaucoup de choses à nous apprendre : le nom de l’écrivaine Monique Wittig ne te dit peut-être rien. Pourtant, cette militante féministe et lesbienne est l’une des premières théoriciennes de la pensée queer. L’article te propose de découvrir, en sept points, plusieurs aspects de sa vie et de son œuvre. Un bon moyen pour aller plus loin et te lancer dans quelques lectures passionnantes comme La Pensée straight (1992) ou Les Guérillères (1969). [i-D Vice]
• Au Japon, les femmes se rassemblent dans la rue pour parler des violences sexuelles : la libération de la parole des femmes concernant les violences sexuelles progresse au Japon. Dans un pays où le sujet reste un véritable tabou, cela constitue une avancée essentielle. Grâce à l’initiative de diverses ONG, des rassemblements mensuels sont à présent organisés dans plusieurs villes. Durant ceux-ci, les victimes de violences sexuelles sont invitées « à venir partager leurs histoires, leurs expériences, leur douleur aussi. Pour déculpabiliser et ne plus avoir honte. » [Les Inrocks]

Dans les oreilles et sur l’écran de Deuxième Page

• L’event de la semaine : la première rétrospective majeure de la photographe Sally Mann en France, intitulée « Mille et un passages », retrace le travail profond et viscéral de l’artiste américaine en cinq parties, soit quarante ans de photographie. L’exposition explore ainsi certaines des thématiques obsessionnelles de Mann, telles que la famille, la nature, la mémoire ou encore la mort. Au fur et à mesure des clichés, nous sommes transporté-e-s au cœur des paysages de Virginie (États-Unis), dans un voyage spatial et temporel percutant, où l’intime devient l’affaire de tou-te-s. Les images sont à couper le souffle, et touchent les spectateurs-rices avec une grande force, nous racontant des histoires au fil des murs. Une exposition d’une intensité et d’une finesse rares, à admirer au Jeu de Paume (Paris) jusqu’au 22 septembre 2019.

Easter Dress, Patricia and David Schulte, 1986. © Sally Mann

• #Bibliotheque2P, le livre de la semaine : quel meilleur moment que l’été pour se plonger dans une histoire à rebondissements, pour découvrir des personnages au fil de milliers de pages et tomber en amour ? En somme, quoi de mieux, à cette période, que de dévorer une saga littéraire ? Si c’est ce que tu recherches, les six tomes des Enfants de la Terre sont faits pour toi ! Sortis entre 1980 et 2011, ces ouvrages se déroulent durant la Préhistoire, à l’époque supposée de la cohabitation des Homo sapiens et des néandertalien-ne-s. Ils racontent le parcours de l’humaine Ayla, de sa petite enfance à l’âge adulte. Orpheline, elle est recueillie par un clan néandertalien et doit s’adapter à de nouvelles façons d’être et de faire, et déployer des trésors d’ingéniosité. Au fil des pages, elle apprend, et vit avec nous mille et une péripéties. Bien que documentés, les ouvrages s’amusent avec les faits et l’histoire. L’autrice Jean M. Auel joue avec les dates et les inventions pour nous proposer un récit riche et intense. Tous les ingrédients indispensables à une bonne série sont là : de l’aventure, un personnage principal badass, des romances, de la spiritualité, de l’audace, un peu d’érotisme, des obstacles à surmonter et plein de bons sentiments.

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• Hunger de Roxane Gay, nos corps comme des champs de bataille : l’écriture de Roxane Gay n’est pas un lieu sûr, c’est un monde, confrontationnel, incisif, dont la nuance est vouée à remettre en question nos réflexions et a priori. Avec Hunger, elle nous partage un texte intime, indispensable.
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