Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • A New Archive Transcribes and Puts Online the Diaries & Notebooks of Women Artists, Art Historians, Critics and Dealers : grâce au projet « Women’s History Project », lancé par le centre de recherche Archives of American Art, des ressources inédites sur des artistes et historiennes de l’art sont mises à disposition du grand public. Tous les mois, durant un an, il est possible de découvrir une nouvelle personnalité grâce à des documents (journaux intimes, cahiers, essais, correspondances) qui contextualisent à la fois sa vie, son travail et son époque. [Open Culture][ENG]
  • Capitalism used to promise a better future. Can it still do that? : c’est avec l’apparition du capitalisme que le regard s’est tourné vers l’avenir plutôt que le passé : « Le capitalisme a progressivement sapé la religion en promettant de manière fiable que l’avenir serait matériellement meilleur, et ce non pas par le biais d’une intervention divine, mais grâce au marché créé par l’être humain ». En effet, au cœur de cette doctrine se trouve la promesse de l’obtention d’un confort de vie plus élevé dans le futur grâce au travail effectué dans le présent. Dans le cas où cette croyance se perdrait, le capitalisme deviendrait alors une sorte de prophétie auto-réalisatrice. Si les gens, par pessimisme, décident de travailler et d’économiser moins, la croissance ne peut que ralentir. Aujourd’hui, trois phénomènes sont susceptibles de remettre en cause cette confiance  : « La croissance plus lente des revenus de nombreux-ses travailleurs-ses tout au long de leur vie active et à leur retraite, la diminution des chances que les enfants obtiennent, économiquement, de meilleurs résultats que leurs parents, et l’aggravation de la crise climatique ». Néanmoins, les diverses prédictions concernant la fin du capitalisme se sont jusqu’à présent toujours révélées erronées. La croissance économique est devenue plus inégalitaire, mais elle n’a pas stagné. La question ne semble donc pas être « de savoir si et comment le capitalisme prendra fin, mais comment il peut renouveler sa promesse d’un avenir meilleur pour nous tou-te-s ». [The Guardian][ENG]
  • Cauchemars, épuisement, manque de moyens : pourquoi des cybermilitantes jettent l’éponge : comme un écho à la fin de Paye ta Shnek, un projet créé par Anaïs Bourdet, l’association Féministes contre le cyberharcèlement a annoncé récemment ne plus pouvoir poursuivre son accompagnement des victimes de cyberviolences. Une nouvelle fois, l’épuisement des bénévoles face à l’ampleur et la difficulté de la tâche est à l’origine de cet arrêt. Le sujet du cyberharcèlement a beau être de plus en plus abordé dans la discussion publique, les structures d’aides restent presque inexistantes. L’association s’est régulièrement vue refuser ses demandes de financement. Ainsi, pour faire leur travail dans de bonnes conditions, les militantes attendent de réels engagements de la part du gouvernement et, évidemment, de véritables moyens financiers pour agir. [Numerama]
  • Pop Culture Treats Male Rape like a Joke : malgré des changements majeurs ces dernières années, la pop culture continue de véhiculer des idées néfastes. De fait, le sujet très sérieux des hommes violés est constamment tourné en dérision. Cela s’inscrit profondément dans les stéréotypes de genre selon lesquels ils sont censés avoir toujours envie de sexe et être suffisamment forts pour éviter les agressions. D’après ces idées reçues, les hommes ne peuvent donc pas être victimes. Par exemple, dans Serial noceurs (2005), « être violé n’est évidemment pas si traumatisant pour Jeremy, car il finit par tomber amoureux de Gloria et l’épouser », écrit Mika Doyle. L’autrice évoque également Délivrance (1972), dont plusieurs répliques faisant référence à une scène de violences sexuelles sont couramment utilisées de manière humoristique dans d’autres films. C’est notamment le cas de Pulp Fiction (1994). La raison ? Son réalisateur, Quentin Tarantino, estimait que la qualité choquante de cette évocation était scénaristiquement intéressante… Parfois, le septième art aborde tout de même le sujet plus sérieusement, mais cela reste trop souvent superficiel. Dans American History X (1998), les viols se déroulant dans les prisons pour hommes sont mis en scène de façon réaliste, mais avec une évocation sommaire des conséquences sur les individus. La série Outlander, elle, est plus approfondie. Elle aborde davantage le traumatisme psychologique à travers l’un de ses personnages : Jamie. Son agression a un impact grave et durable sur lui. Il est donc nécessaire de faire évoluer les représentations en ce sens, car tant que ce sujet sera traité de manière anodine, « toutes les victimes de viol continueront à se confronter au scepticisme et au déni, voire seront complètement moquées », explique Mika Doyle. [Bitch Media][ENG]
  • L’art de Venuseism : pour Afropunk Paris 2019, les créatrices étaient au rendez-vous, notamment Venuseism, artiste et directrice artistique de talent qui s’est photographiée avec deux de ses « sis », comme elle les appelle. On n’a pas résisté au plaisir de te partager leur classe et leur flamboyance. N’hésite pas à consulter le site officiel de Venuseism, et à la suivre sur Instagram ou sur Twitter.

© Venuseism

© Venuseism

© Venuseism

 

Dans les oreilles et sur l’écran de Deuxième Page

  • Passion Podcasts, les émissions à écouter cette semaine : la pop culture fait partie intégrante de nos vies. C’est un véritable objet de consommation. Cependant, malgré son omniprésence, on oublie trop souvent d’en interroger le contenu, de se questionner lorsqu’on regarde un film ou une série. Et tu le sais, sur Deuxième Page, nous sommes convaincues de son influence sur nos existences, et de son lien fort avec la société. On te propose ainsi régulièrement des articles analytiques permettant d’aller dans le fond des choses, de susciter des discussions. Néanmoins, en général, on manque d’outils pour parvenir à avoir cette lecture critique et féministe d’œuvres que l’on visionne pourtant quotidiennement. Dans ses derniers podcasts, Feminist Frequency a donc décidé d’explorer les tropes et archétypes qui sont fréquemment présentés à l’écran, et de discuter des conséquences (habituellement désastreuses) qu’ils peuvent avoir. Alors, si tu comprends la langue de Shakespeare, il n’y a plus qu’à appuyer sur « Play » ! (Les émissions sont aussi disponibles sur YouTube et iTunes.)

 

  • Passion Podcasts, les émissions à écouter cette semaine (bis) : comment vivons-nous dans notre corps, sous le poids des injonctions et face à l’obligation d’appartenir à un genre précis ? Géraldine Sarratia et ses invité-e-s s’interrogent et en discutent dans les épisodes du podcast « Dans le genre de », un rendez-vous dominical qu’on ne rate jamais. Rythmée par des chansons sélectionnées finement par les convié-e-s, l’écoute est une expérience totale oscillant entre le roman et l’interview radio. On adore entendre l’hôtesse et ses invité-e-s discuter, se souvenir, remonter le fil de leur mémoire et de l’histoire. De Paul B. Preciado à Nina Bouraoui, en passant par Hélène Hazera et Gabrielle Deydier, les épisodes transportent l’auditeur-rice dans des introspections, des luttes, des revendications toutes plus nécessaires les unes que les autres. Parmi les quelque 45 épisodes en ligne, on te recommande particulièrement celui d’Amandine Gay, comédienne, réalisatrice (Ouvrir la voix, 2017), sociologue et militante afro-féministe, dont le rapport au genre est inextricablement lié à sa couleur de peau. Tu peux aussi écouter Agnès Varda, grande dame du cinéma dont l’œuvre a toujours questionné l’injonction à la féminité.

 

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Image de une : Agnès Varda, The Gentlewoman, 2018. © Alasdair McLellan