Les coups de cœur de Think tank by 2P
- Vasectomie : et si on partageait la charge contraceptive ? : la vasectomie est sujette à de nombreux préjugés, puisque « certains s’imaginent que ça impacterait négativement leur virilité, leur performance. » En réalité, cette intervention empêche simplement le passage des spermatozoïdes dans le sperme. Elle est sans conséquence sur le désir sexuel ou la capacité érectile. Daniel Aptekier, membre de l’Association pour la Recherche et le Développement de la Contraception masculine (ARDECOM), souligne également que « la vasectomie est considérée comme la contraception la moins chère, la plus efficace et celle qui comporte le moins de risques. » Pour les femmes en relation hétérosexuelle dont le conjoint a fait le choix de la vasectomie, cet acte s’avère souvent libérateur. Cela les décharge de la responsabilité de la contraception qui leur incombe encore majoritairement. [ChEEk Magazine]
- Comment le capitalisme récupère la révolution menstruelle : la sortie d’une publicité pour serviettes hygiéniques présentant du liquide rouge, au lieu du bleu habituel, pourrait apparaître comme un progrès. Pourtant, la journaliste et autrice Élise Thiébaut nuance les faits en rappelant que ce n’est pas le milieu du marketing qui a initié cette lutte contre les tabous menstruels et sexuels. Cela s’apparente au contraire de très près à du pink washing : « En un mot, de la récupération marketing au détriment de celles et ceux qui sont au cœur de ce combat pour la dignité, la santé et le bien-être menstruel. Car c’est bien la mobilisation des activistes depuis quelques années qui a permis de sortir le sujet de l’ombre. » On remarque aussi une multiplication de campagnes dénonçant la précarité menstruelle et la toxicité des composants des produits hygiéniques. Malheureusement, ces combats représentent également une occasion pour les grandes marques d’augmenter leur chiffre d’affaires sans vraiment faire preuve de plus de transparence quant aux produits utilisés lors de la conception de ces protections menstruelles. [Le Club de Mediapart]
- Roman Polanski : le « J’accuse » de Valentine Monnier : en 1975, la Française Valentine Monnier avait 18 ans, et a été violée par le réalisateur Roman Polanski. En novembre 2019, elle l’a accusé publiquement. La mobilisation des féministes a conduit à l’annulation de la diffusion d’interviews télévisées ou encore du déroulement d’avant-premières de son dernier long-métrage, J’accuse. Il n’empêche que le film est quand même sorti en salles le 13 novembre 2019 et qu’il a fait un très bon démarrage. On vit donc dans un monde où violer des enfants et des femmes n’est finalement pas très grave, surtout quand le violeur est un homme connu et, selon certain-e-s, talentueux. [Terriennes]
- Nous n’avons jamais consommé autant de viande : si l’on a bien conscience que notre consommation d’énergies fossiles aggrave la crise climatique, on a tendance à oublier que les 330 millions de tonnes de viande produites par an dans le monde ont un impact majeur sur le réchauffement de la planète, et sur la déforestation de la forêt amazonienne, selon Greenpeace. « Pour toutes ces raisons, les grandes instances internationales comme la majorité des scientifiques estiment que l’humanité devrait d’urgence réduire considérablement sa consommation de produits d’origine animale, en ciblant prioritairement l’élevage bovin. Le problème, c’est que nous n’avons jamais consommé autant de viande qu’aujourd’hui. Et que l’appétence des pays émergents pour ce mets longtemps inaccessible, à commencer par l’Inde et la Chine, ne permet guère d’espérer une inversion de la courbe. » [Le Monde]
- « Acte 54 » des « gilets jaunes » : de nouvelles actions à Paris et sur les ronds-points pour leur premier anniversaire : mi-novembre 2019, c’était le premier anniversaire du mouvement des « Gilets jaunes ». Plusieurs actions ont été menées partout en France. Si elles n’ont pas rassemblé massivement, cela peut s’expliquer par un essoufflement de la lutte active en grande partie provoqué par la répression mise en œuvre par le gouvernement, et par la violence de ses forces de l’ordre. [Le Monde]
- Le Huffington Post revient sur les racines du mouvement ;
- Libération fait un état des lieux des violences qui se sont déroulées depuis un an.
Sur les étagères et dans les oreilles de Deuxième Page
- #Bibliotheque2P, le livre de la semaine : parfois, pour échapper à la brutalité du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui, un livre suffit. Cela peut se faire très simplement, comme lorsque par un heureux hasard, tu tires d’une étagère Tsubaki (Actes Sud, 2005), premier tome du cycle Le poids des secrets. Récit familial et historique s’entrelacent sous la plume d’Aki Shimazaki avec autant de nuances que de violence. Yukiko, avant sa mort, a pris le soin de laisser à sa fille une lettre narrant les épisodes mouvementés de sa vie après les bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, dans un Japon ravagé par la guerre et dans une famille détruite par des dynamiques de mensonges et de tromperies. Les secrets ne durent que tant qu’ils sont tus, et chacun-e sait qu’au sein d’une famille, nul-le ne peut éternellement dissimuler les vérités. Dans cet ouvrage, l’autrice nous rappelle la complexité de la survie, de la résilience et l’importance des histoires : celles qui nous échappent et que l’on décide de taire ; celles que l’on se raconte et que l’on se transmet, de génération en génération. Alors que les jours raccourcissent et refroidissent, on trouve un peu de réconfort dans Tsubaki, et dans les joies sommaires mais essentielles de l’exploration littéraire.
- L’événement de la semaine : pour embellir ce début de mois, tu peux te rendre au Zèbre de Belleville, à Paris. Là, tu trouveras le plus petit cabaret d’Europe, mais aussi le plus beau, le plus libre, le plus rayonnant. Le Cabaret de Poussière n’attend que toi, pour deux heures riches en spectacle ! Un peu de colère, beaucoup de passion, et de la joie, énormément de joie, dans la splendide salle du Zèbre. Tu seras accueilli-e par Poussière et ses musicien-ne-s, Amstrong Tebe, Laure Sanchez et Xavier Belin. Si tu es là suffisamment en avance, tu auras le temps de te faufiler au bar pour prendre un verre et la magie opérera. Lumière, musique, costumes. Pour la saison 4, attends-toi à du burlesque et à de la poésie. Le Cabaret de Poussière, c’est un bain d’émotions, de la rage à la tristesse, du rire aux larmes. C’est aussi un moment de partage profondément politique, et ici, le patriarcat n’a plus d’emprise, il est éviscéré. Alors, pare-toi de tes plus belles paillettes, prends quelques ami-e-s sur la route, et c’est parti ! Et si tu rates les trois dates de décembre, pas de panique, sache que le Cabaret de Poussière occupe le Zèbre de Belleville tous les premiers mardi, mercredi et jeudi de chaque mois.
- Dates et horaire : Les 3, 4 et 5 décembre, à 20h.
- Prix : 25 €
- Réservation : par email à cabaretdepoussiè[email protected], par SMS au 07 86 10 27 48 ou sur billetreduc.com
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Image de une : Aki Shimazaki. © DR