Quelque chose dans mon ventre se repaît de ma chair
Comme un nid d’immondices, glouton de prières ;
Il ne dit pas son nom quand il étiole mes espoirs,
Quand il rampe sous ma peau, on dirait un cafard.

Chevauchant mes nerfs, cette immonde créature
Envoie à mon esprit des images d’injure
À ma propre vie pour qu’enfin j’en finisse
Qu’une corde à mon cou forme mon précipice.

J’ignore comment chasser ce qui n’a pas de visage :
Moi qui croyais pourtant avoir tourné la page…
Les vieux démons reviennent, nourris d’une angoisse
Que je ne peux nommer quand l’illusion trépasse.

Je suis telle une guerrière sur un champ de ruines,
Ignorant désormais en quel nom j’assassine
Les démons et les peurs qui me rongent l’encéphale
À quelle cause je me dévoue, à quel idéal ?

En errant en silence dans cette abîme glaciale,
Sans but ni repères, dans l’Ignorance triomphale,
J’ai égaré les rêves en échange des supplices
Et je n’y vois plus rien en dehors des abysses.

Il me faudra me relever, encore une fois
Et maintenir le cap sans me mettre en émoi,
Y voir avec raison quand mon cœur n’y croit plus.
Chercher la sortie quand ma raison est perdue.


Image d’illustration : © Alraun pour Deuxième Page