Partie 3
Aujourd’hui, il y a la tristesse dans mon regard, la déception dans ma voix et la violence dans les pogos…
«… Aimer c’est souffrir, ne pas aimer c’est souffrir, et souffrir c’est souffrir. »
Et par conséquent, il y a de la souffrance dans tout.
Mon bracelet et ses trois vœux se sont dénoués depuis longtemps maintenant. Ils ne se sont pas réalisés. Et puis, je suis toujours triste pour moi.
J’ai tellement d’angoisses en moi. Tu te traînes, désespérément accroché à moi et je me maintiens difficilement à la surface, d’autant plus que je ne sais pas nager.
Il a tellement de colère en lui. Il a tout vu. Il croit ne pas s’en souvenir, mais ça l’a marqué dans son âme. Il était pur ! Innocent ! C’était une étoile ! Qu’est-ce qu’on a fait de lui ?
Tu m’as dit une fois que je transformais en merde tout ce que je touchais… C’est faux, je suis juste un réceptacle. Puis je recycle.
Tu m’as dit que j’étais un ange. Puis tu m’as dit que j’étais mauvaise. Je ne suis ni l’un ni l’autre. Je recycle. Donnez-moi de l’amour, j’en ferai un jardin d’Éden, donnez-moi des ordures, j’en ferai une décharge à ciel ouvert.
Déjà, dans le ventre de ma mère, j’épongeais toutes ses angoisses. Je suis née pour sauver le couple de mes parents, et j’ai échoué.
Cela fait bientôt onze ans que je t’ai quitté et je me débats encore dans des eaux parfois calmes, parfois tempétueuses. Je me suis presque noyée plusieurs fois.
J’ai de la violence et de la douceur en moi. Ce n’est pas que de ton fait, je traîne ça depuis bien plus longtemps, je l’avais déjà avant de te rencontrer.
Toi, tu es responsable des cicatrices qui ne s’effaceront jamais. Je ne les accepte pas, je m’y refuse, elles ne seront jamais belles, elles seront toujours haine et douleur.
J’ai failli mourir deux fois à cause de toi. Peut-être trois… Pour renaître à chaque fois. Tu n’es qu’un serial killer d’innocence.
Je ne peux pas rompre le lien, parce qu’il est vivant, qu’il a bientôt 13 ans, qu’il a vécu l’enfer à travers nous et qu’il est plein de colère. Il a la vie devant lui, il est la vie, je veux le réparer.
À ce jour, c’est tout ce qui me donne de l’espoir, ce qui me maintient tant bien que mal à la surface. C’est mon travail sur cette Terre, recycler et réparer. Je voudrais le transformer en un joli jardin où toutes les plus belles plantes, les plus rares, poussent sans difficulté, mais si je perds son amour, je n’y arriverai pas.
Image de une : A tear lost in a stream. © Slice of Being