Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • Vieillesse en détresse dans les Ehpad : en France, les mesures prises sur la dépendance ne répondent pas à la réalité du vieillissement de la population. Le manque de moyens et de personnel dans les Ehpad rend difficile la prise en charge des personnes âgées dans ces structures et, en conséquence, la préservation de leur dignité. Cet article fait le point sur une situation qui ne cesse de se dégrader, touchant de plein fouet nos aîné-e-s : « Il ne s’agit pas de “faire de la dette” ou d’encourager la rentabilité, mais simplement de consacrer à la prise en charge des personnes âgées la part de richesses nécessaire. Un vrai choix de société ». [Le Monde diplomatique]
  • Ilhan Omar has become the target of a dangerous hate campaign : aux États-Unis, la démocrate Ilhan Omar, élue à la Chambre des représentant-e-s en novembre 2018, est devenue la cible d’une campagne de haine violente de la part de la droite et de l’extrême droite. Elle est l’une des deux premières femmes musulmanes élues au Congrès américain, et cela est loin d’être un détail puisque c’est par des discours violents et racistes que ses prises de position sont accueillies. Dans cette tribune, l’auteur Moustafa Bayoumi revient sur cette situation dangereuse : « D’une part, la raison pour laquelle Omar fait l’objet de ces attaques est claire : elle est noire, femme, immigrante, réfugiée et musulmane. Le fait que le racisme, le sexisme et la bigoterie entraînent un double standard va de soi : Omar fait face à des critiques alors que d’autres n’ont reçu que peu ou pas de considération pour les mêmes commentaires. Mais ce n’est pas non plus l’explication complète. Le double standard qui s’applique à Omar vise à nous empêcher d’écouter ce qu’elle dit et de voir ce qu’elle fait. Désigner Stephen Miller comme un nationaliste blanc [homme politique d’extrême droite dont l’influence sur les politiques du gouvernement Trump est considérable, en particulier pour ce qui concerne l’immigration], comme l’a fait Omar, c’est affirmer une vérité évidente. Omar a ajouté que “le fait qu’il ait encore de l’influence sur les politiques et les nominations politiques est scandaleux”. Et plutôt que de prêter attention à ses paroles, Omar a de nouveau été caricaturée comme étant antisémite. […] En fait, nous devrions prêter beaucoup d’attention aux paroles et aux actes d’Omar. Elle a critiqué l’Arabie saoudite pour sa guerre au Yémen, elle s’est prononcée contre la répression chinoise de la population ouïghoure, elle a appuyé le peuple soudanais dans son soulèvement, elle s’est opposée à l’intervention américaine au Venezuela, elle a interrogé Elliott Abrams [avocat américain conservateur longtemps impliqué dans la politique étrangère de certains gouvernements américains] sur son bilan atroce en matière de droits humains, et plus encore. Elle coparraine le Fonds d’indemnisation des victimes des attentats du 11 septembre (9/11 Victim Compensation Fund) et a déjà présenté les lois de 2019 sur la protection contre le lobbying illégal (Protect Against Unlawful Lobbying Act) et la protection des enfants des travailleurs-ses fédéraux-ales (Federal Worker Childcare Protection Act). Plus récemment, elle a coparrainé un projet de loi bicaméral pour mettre fin au Muslim ban de Donald Trump [décret présidentiel qui interdit l’accès au territoire des citoyen-ne-s venant d’Irak, d’Iran, de Libye, de Somalie, du Soudan, de Syrie et du Yémen, ndlr]. Et elle n’a commencé son travail qu’en janvier ». [The Guardian] [ENG]
  • Gloria Steinem, icône féministe : « Nous, les femmes, ne sommes pas destinées à être subordonnées ou soumises » : à l’occasion de la publication de la version française des mémoires de Gloria Steinem début mars 2019, Télérama a pu rencontrer cette femme exceptionnelle, journaliste et militante féministe dont l’action a été déterminante pour tou-te-s. Elle parle ainsi de son parcours, du lien entre féminisme et droits civiques, des avancées qui ont été faites et de celles qui restent à accomplir. Elle raconte notamment comment la contribution des femmes est souvent oubliée dans l’histoire : « Des oublis tels que le sien [ceux d’Alice Guy-Blaché, réalisatrice, scénariste et productrice française, nldr], oui, cela provoque en moi de la colère. L’histoire et le passé, ce n’est vraiment pas la même chose. Il manque énormément de gens dans l’histoire telle qu’elle a été écrite – et, parce qu’elle a été écrite par les hommes, il manque notamment énormément de femmes ». [Télérama.fr]
  • Endométriose : au travail, les femmes précarisées : après des dizaines d’années d’indifférence et de méconnaissance sur le sujet, l’on se penche enfin sur l’endométriose. En France, cette maladie touche entre 2 et 4 millions de personnes. Elle a des conséquences directes sur la vie professionnelle de certaines d’entre elles, d’autant plus que le monde du travail est loin d’être pensé pour prendre en compte leurs besoins. Dans cet article, plusieurs femmes atteintes de l’endométriose témoignent des difficultés qu’elles rencontrent pour mener leur carrière. Des difficultés qui engendrent bien souvent une précarité professionnelle impossible à maîtriser sans un accompagnement adapté. [Libération]
  • Je n’ai jamais regardé Game of Thrones et je survis (très bien) : est-il obligatoire d’avoir vu Game Of Thrones ? La série en tant que phénomène culturel mondial a pris une telle ampleur qu’il est presque difficile d’avouer que l’on ne suit pas les aventures de ses protagonistes. Mais tout le monde a-t-il cédé à la pression de Westeros (et des ami-e-s) ? Télérama a trouvé une irréductible hérétique au sein de sa rédaction. La journaliste Anne Dessuant raconte avec humour sa navigation tortueuse et quotidienne face aux Autres (les spectateurs-rices de la série). Elle fait un parallèle entre la création HBO et l’une des séries les plus populaires et clivantes des années 2000 : LOST. Pour la journaliste, Game Of Thrones n’a rien à envier à lui envier, si ce n’est peut-être son fandom, né à l’heure de l’information virale, du buzz et de l’animosité des réseaux sociaux. [Télérama.fr]

 

Dans la bibliothèque et sur l’écran de Deuxième Page

  • Sin & Femmes, le film de la semaine : avec C’est ça l’amour, Claire Burger déconstruit finement les rôles et liens familiaux en nous faisant entrer dans un cocon domestique dont l’équilibre est perturbé : la femme de Mario quitte le foyer, le laissant seul avec ses deux filles, en pleine adolescence. Malgré ses maladresses, on est touché-e par ce papa dépassé et à côté de la plaque, essayant de retrouver du sens dans le fouillis qu’est devenue sa vie. Avec nuance, la réalisatrice présente à ses spectateurs-rices la possibilité d’une masculinité alternative, mouvante. Elle filme un père aimant, en proie à ses émotions. Et ici, rien ne semble plus évident. Avec finesse, elle expose également la construction des jeunes filles, de leur personnalité et la sororité qui les lie. Intimiste, sensible et un peu foutraque, ce long-métrage nous plonge dans un bain d’émotions sincères dont on ne ressort pas indemnes.

C’est ça l’amour, réalisé par Claire Burger, 2019. © Mars Films

  • Sonores, des artistes qui méritent ton oreille attentive : venues tout droit de Buenos Aires, les sœurs du duo musical Las Hermanas Caronni naviguent avec douceur entre le répertoire classique et la torpeur de la tanguera. Mêlant entre autres clarinette, violoncelle et chant, les deux Argentines multi-instrumentistes nous transportent entre des influences milonga et jazz, toujours mises en musique avec une grande poésie. À travers leurs morceaux, elles échappent aux conventions et aux normes, jusqu’à s’exprimer avec une liberté totale et envoûtante. En mars 2019, elles ont sorti un nouvel album à la consonance écologique assumée : Santa Plástica. Nourri de la collaboration avec de multiples invité-e-s dont le trompettiste jazz Erik Truffaz, l’auteur-compositeur Piers Faccini et le percussionniste argentin Minino Garay, ce quatrième opus se veut autant un hommage à Debussy et à Ravel qu’à Astor Piazzolla et à Nino Rota. Au cœur de milieux aussi traditionnellement masculins que le jazz, le tango et la musique classique, Las Hermanas Caronni s’imposent sans difficulté par leur talent, résistant aux préjugés à chaque souffle, chaque mouvement de main, chaque couplet.

 

Les articles les plus lus sur Deuxième Page

  • Interview : Camille Ducellier, les sorcières comme figures écofémininistes contemporaines : fascinée par les figures de la sorcière moderne, Camille Ducellier utilise l’art pour lutter contre l’uniformisation des corps et des consciences. Son œuvre autour des corps, des genres et des féminismes est d’une grande authenticité, aussi politique qu’intimiste.
  • Sarah Connor, l’héroïne de la pop culture qui a changé les codesTerminator et surtout Sarah Connor ont marqué leur génération. Ce personnage iconique de la pop culture a constitué un tournant dans la représentation des héroïnes à l’écran. Et l’on espère depuis retrouver plus souvent des personnages de femmes aussi complexes et intéressants au cinéma. Enora te propose d’explorer avec elle la figure mythique de Sarah Connor, et ses descendantes.
  • Jayaben Desai, la puissance des travailleurs et des travailleuses incarnée : à la fin des années 1970, en Angleterre, Jayaben Desai luttait pour les droits des travailleurs et des travailleuses. Grâce à une grève historique contre une hiérarchie capitaliste et une politique thatchérienne, elle a contribué à un changement profond de société.
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Image de une : Game of Thrones, créée par David Benioff and D. B. Weiss, 2011-2019. © HBO